Le chef de l’Etat bénit la construction d’un musée dédié à Matoub Lounès
Par R. Mahmoudi – C’est ce qu’a annoncé, dimanche, le ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi, au terme d’une rencontre avec Malika Matoub, sœur du chanteur Lounès Matoub, assassiné le 25 juin 1998, et présidente d’une fondation éponyme, au siège du ministère.
«J’ai reçu aujourd’hui Madame Malika Matoub, présidente de la Fondation Lounès-Matoub et l’ai informée de la décision du président de la République d’approuver la réalisation d’un musée pour préserver la mémoire de Lounès et son héritage artistique et culturel, dans sa ville natale de Taourirt Moussa (Tizi Ouzou). Malika a exprimé sa gratitude à Monsieur le président de la République», annonce Azeddine Mihoubi sur son compte Twitter.
Cette décision du chef de l’Etat vient s’ajouter à une série de gestes et d’actions en faveur de la promotion de la langue et de la culture amazighes dont le chanteur Matoub Lounès représente une des figures les plus emblématiques. De la reconnaissance de tamazight comme langue nationale, puis officielle dans le dernier amendement constitutionnel, à la consécration de Yennayer comme fête nationale et à la création prochaine d’une académie de la langue amazighe, le pouvoir politique, incarné par le président de la République, ne s’est jamais montré aussi généreux et ouvert sur ce segment de l’identité nationale banni depuis l’indépendance. Or, paradoxalement, la mouvance dite culturaliste en Kabylie ne cesse de se radicaliser au point qu’une partie de cette élite se voit peu à peu basculer dans l’extrémisme et le séparatisme, comme l’attestent de nombreuses manifestations culturelles ou politiques organisées ces derniers mois.
Les porte-voix de ce courant jugent, d’ailleurs, suspect le rapprochement du pouvoir avec la Fondation Matoub, depuis la célébration du 20e anniversaire de l’assassinat de Lounès, où plusieurs personnalités proches du sérail, à l’image d’Ali Haddad, étaient venues se recueillir, sans complexe, sur la tombe du chanteur martyr et s’entretenir avec les membres de sa famille.
Dans un communiqué diffusé dimanche, l’organisation séparatiste dirigée par Ferhat Mehenni depuis son exil à Paris accuse le gouvernement de «vouloir récupérer de manière éhontée la mémoire du rebelle kabyle», et la sœur du chanteur de prêter le flanc, en se demandant «ce qui aurait changé entre 1998 et 2018 pour qu’un tel revirement soit opéré par la sœur de Matoub Lounès».
R. M.
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