Le roi d’Arabie Saoudite ordonne l’arrestation de nombreux prédicateurs
Par R. Mahmoudi – Le nouveau pouvoir du prince héritier Mohammed Ben Salmane poursuit imperturbablement sa campagne de purge dans les milieux religieux et pro-Frères musulmans. Cette semaine, c’est l’imam de la Grande Mosquée de La Mecque, Cheikh Salah Al-Tâlib, qui a été arrêté, en pleine saison du pèlerinage, suite à un prêche jugé critique vis-vis de la politique officielle.
Selon des blogueurs saoudiens qui ont rapporté l’information, cet imam se serait rendu coupable d’avoir exhorté les fidèles, dans son prêche, à contester les «péchés et ceux qui les commettent», allusion à l’air de liberté et d’ouverture qui souffle depuis quelque temps sur le royaume des Al-Saoud, inauguré par des galas de musique moderne, l’ouverture des salles de cinéma, sans compter les innombrables «concessions» faites aux femmes.
Les mêmes sources annoncent aussi l’arrestation, au cours de la même semaine, d’un chef de tribu dans le nord du pays qui avait ouvertement dénoncé la famille régnante suite à l’enlèvement d’un dignitaire de la région de Chamar à son retour du Koweït, il y a quelques mois.
Dans le même sillage, les autorités saoudiennes viennent d’arrêter un ancien conseiller de la compagnie pétrolière Aramko, suite à une déclaration dans laquelle il a mis en cause la politique fiscale du gouvernement.
Cela dit, le point commun à toutes les personnalités arrêtées depuis juillets 2017 – elles sont plusieurs centaines – est qu’elles sont toutes soupçonnées d’appartenir au courant dit de la «Sahwa», idéologiquement proche des Frères musulmans, à qui le prince Mohammed Ben Salmane a déclaré la guerre.
Arrêtés sans chef d’inculpation établi, ces excommuniés du régime wahhabite devraient être jugés dans des procès secrets. Les plus connus sont les prédicateurs Salman Al-U’wda et Awadh Al-Qarni, connus pour leur activisme en faveur du salafisme djihadiste. Certains d’entre eux, comme l’imam Salman Al-Douich, auraient péri sous la torture.
R. M.
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