«Oppositionisme»

Mouwatana
La Présidence en ligne de mire. D. R.

Par Akram Chorfi – Mouwatana cherche à se faire un nom sur le champ politique et dans les espaces citoyens, après avoir pu satisfaire à un manque à être. Ce mouvement, qui se nourrit de l’idée d’une alternance nécessaire au pouvoir, ne semble envisager son action politique que sous sa forme conjoncturelle et circonstanciée, faisant de son opposition au pouvoir en place la condition de sa volonté d’exister, fondant son fonds de commerce politique sur l’idée du départ nécessaire du Président sortant.

Les derniers vocables sont bien sûr significatifs de l’état d’esprit des animateurs de Mouwatana, «président sortant» nous situant au cœur de la course à la candidature à l’élection présidentielle d’avril 2019. Et à lire le dernier communiqué de ce mouvement dédié à l’épidémie de choléra, on remarque bien que ses rédacteurs n’ont pu s’empêcher de chuter sur le sujet qui capte leur imaginaire, à savoir l’enjeu de la présidentielle.

Mais pour éviter d’avoir l’air de faire dans la prévention politique concernant le 5e mandat, tant redouté, du Président sortant, le même communiqué a bien tenu à signifier que le 4e mandat était déjà le mandat de trop.

Cet «oppositionisme» têtu au pouvoir, dont les limites évidentes consistent dans l’absence d’une efficacité discursive qu’aurait éventuellement la production d’un programme politique trans-partisan, porteur d’une vision nouvelle pour l’Algérie, ne reflète nullement la vocation citoyenne que voudrait se donner, par son nom même, le mouvement Mouwatana.

Le courage politique que requiert le militantisme engagé d’un mouvement citoyen dépasse, de loin, les considérations et les enjeux électoralistes ; il doit puiser ses audaces à la réalité sociopolitique et prendre les risques que doit prendre celui qui s’érige en diseur de vérités, quitte à fâcher tous ceux qui sont responsables de la situation actuelle de l’Algérie, y compris les citoyens algériens.

Le président sortant, lui-même, avait-il ménagé quelque partie, par ses différentes sorties, lorsqu’au plus fort de la crise multidimensionnelle qui touchait l’Algérie, il interpellait tout le monde ?

Lorsqu’un politique fait de la politique en se contentant de s’attaquer à des politiques, il ne fait que représenter la scène égoïste d’une arène de luttes politiciennes et le combat a beau avoir lieu devant un peuple en délire, il ne pourra jamais être mené en son nom, à moins d’être d’abord profondément motivé par un diagnostic où les causes et les effets – prise de risque oblige – sont visibles et lisibles.

Rien ne peut justifier une alternance politique qui ne soit d’abord forte d’une alternative de vision et de programme.

A. C.

Comment (8)

    awrassi
    30 août 2018 - 8 h 43 min

    « Rien ne peut justifier une alternance politique qui ne soit d’abord forte d’une alternative de vision et de programme. »
    Je vous comprends : continuons avec le gouvernement actuel en l’absence de mieux ?! Question : le gouvernement actuel a-t-il une vision ? Un programme ? Pas plus que les prétendants à son remplacement … Nous sommes fichus pour de longues années, car nous ne débattons jamais ECONOMIE. Il semble que tous les « politiques » du pays soient d’accord sur un programme libéral. Ce consensus sera notre perte. Seul le socialisme nous sauvera du crédit, de l’endettement, du chômage et de la misère sociale.

    anonyme
    30 août 2018 - 1 h 59 min

    WALLAHI EL ADHIM ON EST PRÊTS MÊME A MANGER DE LA TERRE S’IL LE FAUT
    POURVU QUE LE SYSTÈME EN PLACE DÉGUERPISSE
    ET QUE TOUS LES CORROMPUS ET CEUX QUI ONT PILLÉ CE PAYS AU VU ET AU SU DE TOUS SOIENT JUGÉS

    Dans quel autobus êtes-vous ?
    29 août 2018 - 18 h 31 min

    Que du remplissage grandiloquent ! Décrivez-nous le programme de fakhamatoukoum, puisque vous semblez le défendre. Pour qui roulez vous, môssieu ?

    Slam
    29 août 2018 - 17 h 33 min

    Le peuple algérien est aseptisé et traité en mineur incapable de s’épanouir par ses propres autorités.
    Un pouvoir qui utilise la rente pour abrutir le peuple en le gavant de produits importés et de religion jusqu’à l’overdose. Un pouvoir qui chasse les militants démocrates tout en cajolant les psychopathes islamistes. Un pouvoir qui distribue les richesses du pays à sa propre clientèle. Qui va réussir à convaincre ce peuple assisté qu’il est entrain de scier la branche de son avenir ? Qui va secouer ce peuple pour qu’il s’émancipe de la mainmise de ce pouvoir corrupteur ? Les âmes sont corrompues, clochardisées, bedouinisées, abruties. La mosquée a pris la place de l’école. Le charlatan a pris la place du scientifique. Le trabendiste a pris la place de l’investisseur. On est foutus pour un bon bout de temps ! Courage !

    Abou Stroff
    29 août 2018 - 16 h 58 min

    au risque d’ennuyer le lecteur avec ma rhétorique, je me permets d’insister encore une fois:
    je pense que le système dominant la formation sociale algérienne, système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation, contrairement aux systèmes esclavagiste, féodal ou capitaliste, ne génère pas les conditions de son propre dépassement c’est à dire, ne produit pas ses propres fossoyeurs (esclaves, serfs ou prolétaires).
    la conclusion imparable de ce constat palpable est que ce système ne peut être dépassé que par un choc externe et certainement pas par l’émergence d’une nouvelle marabunta qui remplacerait l’ancienne marabunta (le fis qui remplacerait son père, le fln, par exemple).
    le premier choc externe qui me vient à l’esprit est une baisse prolongée de la rente pétrolière qui ébranlerait le mode de fonctionnement du système rentier et provoquerait, sous certaines conditions, son dépassement.
    si ce choc externe n’est pas envisageable au moment présent, je pense, au regard de la « surdétermination » du politique sur l’économique qui caractérise le système rentier, qu’une figure charismatique ou un homme d’Etat (du genre Attaturk, Bourguiba, Mandela, etc.) pourrait diriger une transformation par le haut de la formation sociale algérienne.
    PS: le système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation repose sur des couches rentières qui monopolisent la distribution de la rente et sur des tubes digestifs ambulants qui reçoivent des miettes de rente. les intérêts des deux ensembles ne sont pas antagoniques d’une part et les tubes digestifs ne sont pas armés pour remettre en cause le système qui, bien qu’ils leur permet de survivre, les avilit et les réduit à des moins que rien.
    en d’autres termes, ce système est quasi-indestructible (d’où les hurlements, sans honte bue, en faveur du cinquième mandat d’un mort-vivant).

      awrassi
      30 août 2018 - 8 h 47 min

      Si seulement vous aviez cité Marx, Engels, Mao, le Ché, Chavez, Kaddafi. Vous auriez été plus crédibles ! Seul le socialisme (nationaliste et patriote) peut changer les choses. Dans le cas contraire, les hommes passeront, comme le temps et la critique, sans que rien ne bouge !

    lhadi
    29 août 2018 - 15 h 03 min

    Le peuple algérien, dont la raison est bien plus ancienne que celle de Descartes, appelle de ses voeux à l’instauration d’une alternance politique sur la base d’une alternative qui donne sens à l’expression des mécontentements.

    C’est sur la base d’une alternative, donc d’un programme de législature qui répond à des aspirations exprimées par des couches significatives de la population que le consensus doit être fait.

    L’union ne doit pas être un but en soi et servir de marchepied à des combinaisons politiciennes qui sous une étiquette ou une autre, aboutiraient à faire installer un gouvernement de gestion d’intérêts au dépend de l’intérêt général.

    Les erreurs d’hier ne peuvent autoriser, justifier celles d’aujourd’hui.

    L’idée centrale est de changer de comportement pour solder les comptes d’une époque révolue et in fine être mieux armé pour convaincre les masses impatientes de la justesse des étapes à parcourir.

    En politique, il faut tracer des limites claires pour ne plus subir les conventions vidées de leur sens.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])

      awrassi
      30 août 2018 - 8 h 50 min

      Un futur …e militaire ou civil, appuyé par l’armée nationale, qui dotera l’Algérie d’une économie socialiste, créatrice de biens communs, à partir des richesses et des forces communes ou mises en commun. Voilà la seule personne que je souhaite à mon pays et nos enfants …

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