Droits de l’homme au Maroc : les Pays-Bas chargent le Makhzen
Par Sadek Sahraoui − Le Hirak du Rif est au cœur de nouvelles tensions entre le Maroc et les Pays-Bas. Après un premier incident en juin dernier, l’ambassadeur néerlandais à Rabat, Désiré Bonis, a été convoqué par le ministère des Affaires étrangères. Motif invoqué par le Makhzen pour justifier cette convocation : les Pays-Bas s’ingèrent dans les affaires internes du Maroc. Autrement dit, le Makhzen n’aime pas que l’on parle de ses atteintes massives aux droits de l’Homme.
Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a ainsi signifié hier à l’ambassadeur des Pays-Bas à Rabat «le rejet catégorique et vigoureux de la déclaration faite le 5 septembre par le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Stef Blok» au cours desquelles il a évoqué les détenus d’Al-Hoceima en critiquant les conditions de leur détention. Stef Blok avait demandé en outre la réunion du «Comité permanent des affaires étrangères de son pays dans le but d’établir un rapport écrit détaillant les développements sur cette affaire».
Dans son rapport présenté au Parlement de son pays, le ministre néerlandais a fait savoir que l’ambassadeur des Pays-Bas avait assisté aux procès du Hirak tenu à Casablanca et s’est également entretenu avec plusieurs avocats de détenus. Le diplomate néerlandais a alors déploré la faible présence d’ambassades du reste des pays de l’Union européenne. Selon la même source, plus de 800 personnes ont été arrêtées suite aux manifestations qui ont eu lieu dans la région, dont plus de 400 ont été condamnées. En juin dernier, le tribunal de Casablanca a condamné 53 militants à des peines allant de 1 à 20 ans d’emprisonnement. «De nombreuses organisations de défense des droits humains affirment que les détenus du Hirak ne sont pas traités conformément aux normes internationales relatives aux droits humains», a-t-il déclaré.
S. S.
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