Ce que cache la menace de guerre proférée par Haftar contre l’Algérie
Par R. Mahmoudi – La déclaration du maréchal libyen autoproclamé, Khalifa Haftar, contre l’Algérie trahit à la fois l’impatience et la frustration de sa milice armée, et celles des forces étrangères qui le soutiennent, de buter très sérieusement sur l’ultime rempart qui se dresse encore devant lui, à savoir Tripoli, alors que l’homme d’Abu Dhabi et du Caire avait promis, il y a quelques semaines, de conquérir bientôt la capitale et d’en finir ainsi avec l’autorité légitime et internationalement reconnue.
Pour camoufler son incapacité d’avancer sur Tripoli, Haftar invente cette histoire d’incursion de l’armée algérienne sur le territoire libyen pour faire comprendre insidieusement que c’est l’Algérie qui, par son soutien politique et diplomatique assumé au gouvernement de Fayez Al-Sarraj, l’aurait privé d’une entrée triomphale à Tripoli. Du coup, le ton est donné pour se lancer frontalement contre l’Algérie.
Il faut donc s’attendre à ce que l’Algérie soit, prochainement, la cible d’attaques politiques ou médiatiques intenses de la part des pays formant la coalition arabe drivée par Riyad.
Pour de nombreux observateurs de la scène régionale, cette sortie discursive de Khalifa Haftar contre l’Algérie sonne comme un «ballon-sonde» lancé par ces capitales arabes, en attendant certainement d’autres. Ils n’excluent pas que les services de renseignements émiratis soient derrière cette agitation, en manipulant leur homme-lige par des informations qu’ils seraient les seuls à pouvoir recueillir, «l’armée de Haftar n’ayant ni les moyens techniques ni une présence à l’échelle du pays pour pouvoir surveiller les frontières».
Le scénario le plus redoutable est que la coalition dite arabe, composée d’Arabie Saoudite, d’Egypte, des Emirats arabes unis et de Bahreïn, soit tentée de faire une sorte de transfert du conflit armé contre les Houthis au Yémen vers la région du Maghreb, histoire d’étendre leur zone d’influence. L’Algérie leur paraît comme un sérieux obstacle à leur démarche.
A ce sujet, une source diplomatique algérienne, citée par le journal panarabe Al-Araby Al-Jadid, estime que les propos de Khalifa Haftar contre l’Algérie n’ont rien de sérieux, mais s’il s’agit d’une tentative politique pour entraîner l’Algérie dans le tourbillon de la crise libyenne, la diplomatie algérienne a toutes les données liées à ce conflit et à ses différents protagonistes et les intérêts qui y sont mêlés, c’est pourquoi elle ne se laissera pas entraîner sur cette voie».
R. M.
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