La veuve de Matoub : «Je refuse que la mémoire de mon mari soit souillée»
Par Houari A. – L’épouse du chantre de la chanson amazighe engagée a réagi aux projets lancés par l’Etat en coordination avec sa famille pour «réhabiliter» Matoub Lounès. «Je refuse que la mémoire de Lounès soit souillée et que son combat soit perverti et instrumentalisé. Comment oser prétendre œuvrer pour la préservation de l’héritage culturel et artistique de Lounès lorsqu’on combat la liberté d’expression, l’une des valeurs pour lesquelles il a lutté ?» a dénoncé Nadia Matoub, à partir de Paris où elle est installée depuis l’assassinat de son époux.
«En tant que veuve de Matoub Lounès, je suis étonnée, encore une fois, d’apprendre, par la presse, l’existence d’un projet qui concerne mon époux. Par cette déclaration, je tiens à informer l’opinion publique de ma ferme opposition à ce projet qui aura comme conséquence de dénaturer ses biens matériels», affirme la veuve du chanteur. Pour elle, «sa demeure qui abrite ses souvenirs les plus précieux, à l’exemple de ses instruments de musique et des prix qui lui ont été décernés, doit rester telle qu’il l’a laissée, reflet de sa vie et de son parcours».
Nadia Matoub, qui appelle à la «réflexion», au «discernement» et à la «vigilance» qui doivent être «de rigueur dans notre action de mobilisation afin d’entretenir dignement» le souvenir de Matoub Lounès, estime que le militant de la cause amazighe «incarne l’esprit de liberté, celui de la résistance, de la chanson qui éveille» et que «c’est cet esprit que le régime algérien a combattu, et combat encore, par la censure, la répression, l’injustice, l’humiliation qu’il fait subir aux populations». D’où son opposition à toute intervention de l’Etat dans toute action en relation avec la mémoire du chanteur car, souligne-t-elle, «Lounès [Matoub] a combattu ce système de toutes ses forces».
«Il s’agit tout simplement d’une profanation et de la volonté de neutraliser le symbole qu’il incarne», soutient-elle.
H. A.
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