Vengeance
Par Sadek Sahraoui − Mouammar Kadhafi n’est probablement pas le seul à hanter les nuits de l’ancien président français Nicolas Sarkozy. Seïf Al-Islam doit aussi l’empêcher de dormir. Le fils du dirigeant libyen, qui a retrouvé sa liberté de mouvement il y a quelques mois, est en train de mettre à exécution sa promesse de venger l’assassinat de son père dans des circonstances épouvantables. De nombreuses sources rapportent que l’ancien n°2 du régime libyen s’emploie actuellement à réunir les preuves attestant que l’ex-Jamahiriya a bien financé la campagne de Nicolas Sarkozy.
Dans une lettre de huit pages adressée en juillet à des juges français par l’intermédiaire de ses avocats britanniques, Seïf Al-Islam atteste que le prédécesseur de François Hollande a bien reçu des fonds libyens quant il était candidat à la présidentielle de 2007, affirmant que ce soutien financier était de 2,5 millions d’euros. La somme aurait été remise à Claude Guéant. «M Sarkozy a dépêché un représentant, Claude Guéant, afin de recevoir l’argent» affirme le fils du guide libyen dans sa lettre. Claude Guéant aurait, ajoute-t-il, reçu la somme des mains de Bachir Salah, l’ancien directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi.
Seïf Al-Islam fait également savoir que Sarkozy a encore réclamé deux millions d’euros en plus de ce qu’il avait reçu du guide libyen. Ces fonds devraient permettre d’innocenter Abdallah Senoussi, condamné à la prison à vie en France pour son rôle dans l’attentat du DC10 d’UTA au Niger en 1989. Donc c’est en tout près de 5 millions d’euros que l’ancien chef de l’Etat français aurait empoché.
Ce nouveau témoignage à charge devrait certainement compliquer un peu plus la situation de Nicolas Sarkozy, mis en examen au mois de mars dernier pour «corruption passive», «financement illégal de campagne électoral» et «recel de détournement de fonds publics» libyens. Il faut s’attendre d’ailleurs à ce que Sarkozy et ses acolytes soient à nouveau convoqués à la barre comme de vulgaires malfrats.
Même dans l’éventualité où Nicolas Sarkozy arrivait à échapper au filet de la justice, Seïf Al-Islam a en réalité déjà réussi à se faire vengeance. C’est que cette affaire de financement illégal de campagne dont il commencé à parler dès 2011 a fini par faire de l’ancien président français un pestiféré politique et de sa vie un enfer. Et rien ne dit que la malédiction de Mouammar Kadhafi et des Libyens ne se poursuivra pas encore pendant longtemps.
S. S.
Comment (21)