Le MCA, l’USMA, le président Bouteflika et le général Toufik…
Par Karim B. – Les propos tenus par l’ancien président du Mouloudia Club d’Alger (MCA) sur son soutien «inconditionnel» et «éternel» au président Bouteflika révèlent au grand jour une collusion entre le milieu du football et la sphère politique. Omar Ghrib a, en effet, affirmé, dans un entretien à la chaîne de télévision proche des cercles du pouvoir Ennahar TV, que «le général Toufik sait que j’aime le président Bouteflika». L’ancien président du MCA s’enorgueillit d’avoir «soutenu Bouteflika lorsque certains responsables évitaient de s’exprimer sur le sujet ouvertement». «Bouteflika est un grand homme et je suis de son côté depuis longtemps», a martelé Omar Ghrib qui sort ainsi publiquement du cadre sportif pour rentrer dans celui de la politique.
Si l’ancien président du MCA cite le général Toufik, c’est sans doute pour lancer une flèche au club algérois rival, l’Union sportive de la médina d’Alger (USMA), dont les slogans chantés par ses supporters sont toujours teintés de politique. L’USM Alger appartenant à l’homme d’affaires Ali Haddad, les messages transmis par les tribunes de cet autre club historique sont perçus comme des positions officielles de ce dernier et des cercles auquel il appartient ou desquels il est proche.
Des observateurs n’ont, d’ailleurs, pas manqué de relever une contradiction criante entre l’appel du patron du FCE à un cinquième mandat en faveur du président Bouteflika et les couplets chantés par les supporters de son club totalement opposés au régime, lesquels chants dénoncent la mal-vie et, plus grave, la «supercherie des quatre mandats de Bouteflika». Ali Haddad ne maîtrise-t-il pas ses troupes ou joue-t-il double jeu ? La teneur des refrains appris par cœur et repris en chœur par des dizaines de fans du club démontre que derrière ce qui pourrait sembler n’être qu’un simple divertissement, il existe une véritable usine à propagande dirigée de main de maître par des tireurs de ficèles derrière les rideaux.
Le stade Omar-Hamadi de Bologhine, sur la pelouse artificielle duquel évoluent les deux frères-ennemis algérois, est un baromètre qui indiquera la tendance politique à partir de maintenant jusqu’à la tenue de l’élection présidentielle en 2019. Tendons bien l’oreille et écoutons…
K. B.
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