Aveux
Par Sadek Sahraoui − La France a changé de fusil d’épaule concernant le dossier libyen. Après avoir tenté pendant longtemps de faire cavalier seul et d’imposer ses vues, Paris a fini par se rendre effectivement compte que rien ne pouvait se faire sans l’implication effective des nombreux autres acteurs concernés par la question, à savoir les pays voisins de la Libye. La preuve de cette prise de conscience se trouve dans le discours du président Macron, prononcé hier devant les membres de l’Assemblée générale des Nations-unies, dans lequel un appel a été lancé en faveur de la recherche d’une solution politique consensuelle au conflit.
L’autre preuve du fléchissement de la position de la France est contenue dans les déclarations d’une source du Quai d’Orsay au journal Le Monde reconnaissant que le contexte actuel n’était pas favorable à la tenue d’élections générales en Libye et qu’il était donc plus sage, si l’ONU et les Libyens y consentaient, de les reporter à une date ultérieure. La France, qui est un acteur nouveau en Libye comparativement à d’autres pays, semble ainsi avoir pris la juste mesure de la complexité de la situation qu’elle a contribué à forger en décidant de renverser Kadhafi et réalisé que le temps où elle décidait de tout toute seule est révolu.
Le plus cocasse dans l’histoire est que la diplomatie française a fini par reconnaître de façon claire que le drame des Libyens s’explique également en grande partie par les nombreuses ingérences dont fait l’objet le dossier libyen et les rivalités qui opposent certains actuellement certains pays au premier rang desquelles ont retrouve justement la France, l’Italie, les Emirats arabes unis et le Qatar. Aussi, le président français a-t-il convié là aussi les nations concernées à convenir d’un agenda unique pour hâter le règlement de la crise libyenne. En se distinguant par de tels aveux, en live en plus, le président français ne fait rien d’autre en réalité que le procès de la politique libyenne de la France. Une France qui était motivée non pas par son souci d’exporter la démocratie, mais plutôt par les richesses du sous-sol libyen.
S. S.
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