L’Italie et les Etats-Unis veulent-ils évincer la France du Niger ?
Par Sadek Sahraoui – La guerre d’influence entre l’Italie et la France au Maghreb et au Sahel se poursuit. La ministre italienne de la Défense, Elisabetta Trenta, confirme dans un message publié sur son compte Facebook, la décision de Rome de déployer des troupes au Niger, l’un des pré-carrés de la France au Sahel. «Après huit mois d’impasse, nous avons débloqué la mission au Niger (…)» écrit Elisabetta Trenta qui justifie officiellement ce déploiement par le souci de son pays de contrôler les flux migratoires.
Il sera question pour l’Italie, ajoute-t-elle, de soutenir le gouvernement nigérien et les autorités locales, à travers des formations, entre autres. «Concrètement, l’objectif est de lutter, ensemble, contre la traite d’êtres humains et le trafic des migrants qui traversent le pays et se dirigent vers la Libye pour finalement s’embarquer en direction de nos côtes», affirme Elisabetta Trenta.
La ministre italienne de la Défense ne précise pas la date du début de cette mission, dont l’annonce intervient quelques jours après l’enlèvement d’un prêtre italien à Tillabéry au Niger. Néanmoins, des sources italiennes indiquent que ce déploiement est imminent.
Elisabetta Trenta avait clairement annoncé en août dernier devant la Chambre haute du Parlement italien que «cette mission au Niger est très importante». «Dès que nous aurons le feu vert du gouvernement, nous doterons nos forces de moyens logistiques à même d’assurer une présence substantielle dans ce pays, qui nous permettra de lutter efficacement contre la traite des migrants», avait-elle insisté. Et si elle est revenue cette semaine sur la question, c’est que Rome a fini par obtenir le «ok» de Niamey.
L’argumentaire développé par Mme Trenta est actuellement appuyé par nombre d’analystes italiens qui estiment que c’est le Niger le véritable flanc sud de l’Otan, la frontière sud des intérêts européens, dans ce que l’on désigne par la formule de Méditerranée élargie, cette vaste zone géopolitique sur laquelle Rome s’apprête à exercer un rôle de supervision, en étroite collaboration avec les Etats-Unis, comme cela a été confirmé par le Premier ministre italien à sa sortie de la Maison-Blanche. Le constat se tient du moment où même les Etats-Unis disposent maintenant de nombreuses bases militaires dans le pays.
S. S.
Comment (7)