L’arme fatale
Par Akram Chorfi – La numérisation ou le tout-numérique porte une promesse de meilleure gouvernance pour notre pays. A petits pas nous y allons, mais sûrement aussi, car il n’y a plus de gouvernance possible, dans le cadre de la mondialisation, sans la numérisation.
Là où une certaine faune vole, détourne, malverse, falsifie, accumule au mépris des lois et des réglementations, à la faveur de l’absence de fichiers numériques qui éventent les fausses déclarations, les faux et usages de faux, les fausses qualités de bénéficiaires de plein droit et qui permettent les recoupements inter-administratifs, y compris aux niveaux central et local, la numérisation apporte la disponibilité exhaustive de l’information, la rapidité de la vérification ainsi que la traçabilité et, surtout, la saisie définitive de données qui serviront de précieux éléments statistiques au service de la recherche et de la prospective.
La numérisation est également une arme fatale à la bureaucratie, dans ce sens où le versant de celle-ci, indispensable et salvateur pour l’Etat, est préservé, qui reste opératoire, mais sous sa forme numérisée, avec son lot de vérifications et de procédures que des logiciels gèrent en un temps numérique qui met à mal les réflexes procéduriers des bureaucrates scribouillards et leurs arguments fallacieux, de même que sont mises à mal toutes les magouilles et arnaques qui ciblent d’ordinaire une administration fermée sur elle-même et lestée par ses lourdeurs.
La non-numérisation a longtemps fait le bonheur des bureaucrates sociopathes qui jouissent de la prévalence de la technocratie procédurière, mais elle a également profité aux corrupteurs et corrompus qui pratiquent, les uns les passe-droits, les autres le chantage administratif, pour s’enrichir et accaparer des biens et des services indus.
A double tranchant, en réalité, la numérisation peut changer en mieux la vie des citoyens au quotidien, comme elle peut permettre, si elle est utilisée de façon malhonnête, d’empoisonner la vie des gens et de commettre des larcins et des manipulations malveillantes irrécouvrables, car tout ce qui est numérisé est considéré comme absolument juste, absolument authentique.
A. C.
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