Le président de l’APN Saïd Bouhadja est-il en train de piéger la majorité ?
Par R. Mahmoudi – Après s’être engagé, deux fois en deux jours, à déposer sa démission dans un délai ne devant pas dépasser «deux jours», sans avoir tenu sa parole, le président de l’APN donne l’impression de vouloir piéger la majorité parlementaire qui, poussée par la direction du FLN, le presse chaque jour depuis maintenant une semaine pour annoncer sa démission.
A chaque fois que les nombreux porte-parole du FLN annoncent à la presse «un dénouement imminent», la situation se corse davantage. N’ayant rien à perdre, maintenant qu’il est bruyamment lâché par son parti, Saïd Bouhadja a aujourd’hui toutes les cartes entre les mains – dont, notamment, celle de la légitimité – pour se venger, en entretenant l’impasse jusqu’à provoquer la dissolution du Parlement par le président de la République. Son revirement de dernière minute laisse croire, en effet, qu’il n’aurait pas jusque-là reçu, comme exigé par lui, une demande officielle de la présidence de la République pour démissionner.
Cet attentisme de la Présidence peut signifier deux choses : soit une volonté de rester à l’écart d’un conflit qui, à certains égards, reflète les luttes intestines qui minent le FLN, soit une tactique destinée à entretenir le pourrissement pour justifier, in fine, la dissolution de l’Assemblée, dont on ne sait pas si elle est sur les tablettes du chef de l’Etat, mais qui pourrait bien servir à occuper la scène politique pour au moins trois mois.
Il se trouve que les députés de la majorité, en décidant de geler leurs activités au sein de l’Assemblée pour accentuer les pressions sur le président qui s’est révélé un dur à cuir, sont tombés dans le même piège, dans un sens où une telle décision, si elle dure dans le temps, justifiera l’urgence d’une dissolution pure et simple de l’APN, surtout que le temps joue contre eux.
R. M.
Comment (20)