Contribution – Harkis : modique indemnité pour les maudits de l’indignité
Par Mesloub Khider – L’Etat français a été condamné par le Conseil d’Etat à indemniser un fils de harki, victime de la «trahison» du pouvoir français. En effet, l’Etat français a été considéré coupable de trahison à l’égard de cette communauté harki, parquée dans des camps de relégation dans des «conditions de vie indignes». Ainsi, la traîtrise des harkis a été remerciée par une politique de trahison du gouvernement français. En guise de récompenses pour leur collaboration meurtrière, le pouvoir français a offert à ses supplétifs rapatriés en France des résidences d’infortune bâties dans des camps d’internement.
Ce fier fils de harki aurait grandi dans un de ces multiples camps de reclassement mis à la disposition des harkis pour mieux réussir leur déclassement. Cet enfant du déclassement estime avoir été victime de relégation sociale de la part du pouvoir français au cours des années 60 et 70. Pour le préjudice de relégation dans un camp d’internement, le Conseil d’Etat a condamné l’Etat à verser à l’intéressé la somme de 15 000 euros au titre des préjudices matériels et moraux subis du fait des conditions dans lesquelles il a vécu entre 1963 et 1975.
La déception de ce fils de harki est à la hauteur de son espoir placé dans une indemnisation de la trahison. Au final, son internement résidentiel et sa relégation sociale ont été médiocrement dédommagés, à l’image de la médiocrité de cette frange de la population française désalgérianisée et déclassée.
Lui qui réclamait la somme d’un million d’euros en réparation des préjudices subis, doit se sentir de nouveau trahi. La trahison de ses parents n’a finalement pas été payante. Elle vaut la modique somme de 15 000 euros. Même un vulgaire voyou injustement incarcéré obtient un dédommagement financier plus substantiel, plus digne.
Le Conseil d’Etat a jugé que les conditions de vie indignes «ont entraîné des séquelles, pour le requérant, qui ont exigé un accompagnement médico-psycho-social, elles ont aussi fait obstacle à son apprentissage du français».
Voilà où mène la traîtrise des harkis : dans les camps de reclassement vecteurs de leur déclassement, dans les centres hospitaliers psychiatriques pour soigner leur relégation, dans les services sociaux pour quémander leur survie, réclamée par ailleurs dans un français approximatif au lexique pauvre faute d’avoir reçu une scolarité digne.
M. K.
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