L’état-major de l’ex-FIS : «Ali Benhadj a causé le drame du 10 octobre 88»
Par Karim B. – Plus les années passent, plus les langues se délient. C’est ainsi que les principaux responsables du FIS dissous ont apporté leur témoignage sur les tractations secrètes menées par ce parti extrémiste durant les événements tragiques du 5 octobre 1988, confirmant la responsabilité directe du numéro deux de cette formation politique anticonstitutionnelle.
Dans un reportage réalisé par la chaîne privée Echorouk TV, plusieurs membres du Majliss Echoura de l’ex-FIS accusent ouvertement Ali Benhadj d’être la cause principale de la fusillade qui avait eu lieu le 10 octobre à Bab El-Oued. Tous les chouyoukh interviewés s’accordent sur le fait que le bras droit d’Abassi Madani a voulu faire cavalier seul, refusant de se soumettre à l’avis de la majorité au sein de l’instance dirigeante du parti et des références religieuses nationales et internationales sollicitées à l’époque et qui avaient appelé à la sagesse et «conseillé» au très agité Ali Benhadj de cesser de lancer ses appels à la violence et à la confrontation avec les forces de l’ordre.
L’imam de la mosquée Sounna de Bab El-Oued ne cache pas son amertume face aux agissements irresponsables de celui qui se définissait comme un «prédicateur bénévole» pour justifier son immixtion dans les événements en s’autoproclamant porte-parole des manifestants auprès des autorités politiques. Un autre membre du conseil consultatif du FIS dissous en veut, lui aussi, à Ali Benhadj d’avoir provoqué un bain de sang à Bab El-Oued. «Je croyais que la prison allait l’éduquer mais, malheureusement, cela n’a fait qu’exacerber le sentiment de haine chez lui», a regretté cet islamiste qui s’est détaché du parti dès qu’il s’est aperçu de la dérive violente de Benhadj et de la complicité du président du FIS qui coule des jours heureux à Doha, au Qatar.
Les témoins évoquent une rencontre qu’Ali Benhadj a eue avec des responsables sécuritaires au siège de la DGSN, à Bab El-Oued, la veille des tragiques événements du 10 octobre qui avaient fait plusieurs morts et blessés. Avec qui l’adjoint d’Abassi Madani avait-il rendez-vous ce jour-là ? Qui l’a autorisé à marcher sur Bab El-Oued le lendemain en dépit de l’état de siège et des risques majeurs qu’il faisait courir aux manifestants et aux soldats de l’ANP ?
Les révélations des membres de l’instance dirigeante de l’ex-FIS démontrent que des responsables au sein de l’Etat, complices d’Ali Benhadj, tiraient les ficelles dans l’ombre et s’adonnaient à de viles manœuvres politiciennes pendant que l’armée s’efforçait de rétablir l’ordre tout en évitant une effusion de sang. Cela a été démontré tout au long des cinq jours qui avaient précédé le 10 octobre et durant lesquels seuls six manifestants ont malheureusement trouvé la mort, brûlés dans des incendies qu’ils ont eux-mêmes provoqués ou pour avoir essayé d’attenter à la vie des soldats.
Malgré ces témoignages qui prouvent qu’Ali Benhadj est le principal responsable de la mort de nombreux Algériens et de l’extrémisme violent qui ensanglantera le pays pendant plus d’une décennie, ce dernier continue de jouir de la liberté et de semer la fitna en toute impunité.
K. B.
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