La crise qui secoue l’APN va-t-elle précipiter l’éclatement du FLN ?
Par R. Mahmoudi – Les répercussions de la crise qui secoue l’Assemblée populaire nationale (APN) depuis bientôt deux semaines commencent à gagner les rangs du parti majoritaire et menacent de raviver les clivages claniques et régionalistes qui le minent de l’intérieur. Si le parti a réussi jusqu’ici à sauvegarder sa cohésion à l’intérieur de l’hémicycle grâce à la discipline de groupe qui est de mise, les choses se passent autrement au niveau des structures de base et, notamment, dans l’arrière-pays.
C’est ainsi qu’à Skikda, par exemple, région natale du président de l’APN, Saïd Bouhadja, des militants du FLN ont osé braver l’unanimisme de marbre affiché par la direction, en organisant un sit-in de soutien à Bouhadja. Les manifestants ont également dénoncé les pressions exercées sur «le moudjahid Bouhadja», en rappelant sa «loyauté» et son «professionnalisme» lors de la campagne électorale de 1999, qu’il avait dirigée dans cette wilaya de l’est du pays. Les militants pro-Bouhadja, rejoints par des membres de l’Organisation nationale des moudjahidine, n’ont pas manqué de pointer indirectement du doigt la direction de leur parti, en l’accusant de nourrir des «ambitions personnelles et revanchardes» susceptibles de menacer la stabilité du pays.
Par ailleurs, plusieurs qasmate (représentations locales) du FLN au niveau de la wilaya de Skikda, ont rendu publiques des déclarations dans lesquelles elles expriment, dans les mêmes termes, leur soutien au président de l’APN.
Pour rappel, la direction nationale de l’ONM avait, dans une déclaration rendue publique jeudi, ouvert le bal, en exprimant un soutien franc à l’actuel président du Parlement, tout en mettant en garde contre «toute velléité d’atteinte aux moudjahidine de la Guerre de libération nationale».
L’organisation que dirige actuellement Saïd Abadou considère que les tentatives de «certaines parties», allusion claire à la direction du FLN, de porter atteinte au parcours des anciens moudjahidine et d’insulter leur passé honorable, «sont un précédent grave qui impose à tout le monde d’y faire face avec fermeté et d’interpeller leur conscience au sujet de ceux qui se sont sacrifiés pour que l’Algérie reste debout dans le concert des nations».
Ces troubles qui traversent l’ex-parti unique est aussi l’occasion pour les dissidents et autres groupes frondeurs de tenter un retour en force sur la scène politique, après une longue éclipse. Des voix commencent déjà s’élever pour réclamer la démission du secrétaire général, Djamel Ould-Abbès, tout en demandant à Saïd Bouhadja de continuer à lui résister.
R. M.
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