Nouveau pillage du patrimoine culturel algérien par les Marocains
Par Houari A. – Le patrimoine algérien est à nouveau pillé. Le Maroc a annoncé l’émission de quatre timbres a l’occasion de la manifestation «Oujda, capitale de la culture arabe». Deux de ces timbres, dédiés aux us et coutumes de cette ville frontalière de l’extrême-est du Maroc, sont illustrés par le rebab, un instrument de musique typiquement tlemcénien, et la blousa oranaise à laquelle les Marocains ont donné le nom de «blousa oujdiya» et pour laquelle ils consacrent un festival annuel.
Une source proche du dossier lié à la protection du patrimoine matériel et immatériel, sollicité par Algeriepatriotique, a rappelé qu’Abdeldjalil Hassaïne, père de la grande chanteuse de hawzi, Zakia Kara Terki, était spécialisé dans la fabrication de cet instrument de musique et qu’il a été lauréat des concours du meilleur artisan algérien en 1951 et des métiers en 1952.
Quant à la blousa, relève notre source, «c’est une tenue indispensable dans la garde-robe des Algériennes de l’Ouest du pays. C’est une tenue simple que les femmes portent pour la vie de tous les jours. Elle est composée d’un tissu à motifs fleuris et est portée avec un long jupon appelé jaltita. Fait d’un tissu de couleur unie, la blousa est aussi un élément essentiel de la tenue nuptiale de Tlemcen qui est la chedda puisqu’on la porte sous le caftan dit areftan, et cela depuis des siècles».
Des citoyens algériens militent depuis plusieurs années pour la préservation du patrimoine algérien, mais regrettent que le ministère de la Culture ne réagisse pas à ce pillage en règle qui n’est pas le premier.
En effet, des observateurs avaient fait part à Algeriepatriotique, en avril dernier, d’une opération de pillage du patrimoine algérien par le Makhzen. Si l’opinion publique nationale a eu vent du «vol» par le Maroc de la musique raï pour laquelle ce pays a introduit une demande à l’Unesco pour son inscription au patrimoine mondial immatériel, d’autres éléments de l’histoire de l’Algérie ont également été détournés sans que les Algériens le sachent.
Il en est ainsi des livres de gastronomie supposée marocaine qui regorgent de recettes algériennes que les Marocains accaparent et présentent en tant que plats traditionnels marocains. Plus grave, en 2008, nous apprenait une source informée, le musée de New York avait présenté le buste en bronze de Juba II comme étant marocain. Le même buste du souverain numide est actuellement exposé au Louvre d’Abu Dhabi en le présentant comme étant le roi du Maroc.
A cela s’ajoutent les bijoux kabyles fabriqués à Beni Yenni, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, mais dont s’enorgueillissent les Marocains qui s’en approprient l’origine. Il en est de même pour plusieurs habits traditionnels et bijoux algériens.
Nos sources avaient expliqué que ces vols ne sont pas le fait de quelques stylistes, mais ils sont soutenus officiellement par les autorités marocaines, puisque des médias publics marocains diffusent des émissions dans lesquelles ce patrimoine est présenté comme étant marocain et des festivals sont dédiés à ce patrimoine matériel algérien.
Les pilleurs marocains utilisent les réseaux sociaux qu’ils inondent de vêtements, de plats, de pâtisseries, de chansons et d’artisanat algériens détournés, tandis que des stylistes marocains sont subventionnés par le Makhzen pour organiser des défilés à travers dans le monde pour y vanter la richesse du «patrimoine marocain» en faisant défiler des mannequins habillés des tenues de toutes les régions l’Algérie.
«Le nombre de propagandistes marocains qui volent notre culture à travers le monde est hallucinant», s’étonnaient nos sources, qui estimaient qu’«il est impossible que ce mouvement massif et rapide ait été créé spontanément par des Marocains lambda». Nos sources évoquaient une «vraie politique de guerre culturelle» déclarée par le Makhzen à l’Algérie ; une guerre où tout est permis, si bien que même le nom d’un tableau de Théodore Chassériau peint à Constantine dans les années 1850 montrant des danseuses de Constantine exécutant la danse des mouchoirs, intitulé «Mauresques dansant», a été rebaptisé «Deux Marocaines dansant».
H. A.
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