Le diplômé de Oued Smar qui a appris aux Japonais à humaniser les robots
Par Lina S. – Le journal français Le Monde a consacré un article au scientifique algérien Abderrahmane Kheddar dont le savoir acquis dans un institut d’informatique à Oued Smar, dans la banlieue est d’Alger, est convoité jusqu’à l’Empire du Soleil levant.
Spécialiste émérite dans le domaine de la robotique, c’est non sans fierté que le génie algérien met en avant sa formation à l’Institut national d’informatique, une école réputée qui a formé la fine fleur des scientifiques dont une bonne partie a malheureusement décidé de s’installer à l’étranger faute d’avoir trouvé un environnement propice en Algérie pour faire bénéficier le pays de son savoir.
Abderrahmane Kheddar, expert en robotique humanoïde, «a, depuis quinze ans, un pied au Japon et l’autre en France», écrit Le Monde dans sa rubrique Sciences. «Ma passion pour les robots a démarré quand j’étudiais à l’Institut national d’informatique à Alger», raconte le scientifique exilé, aujourd’hui âgé de 51 ans. «A la bibliothèque, j’avais déniché le seul livre consacré à la robotique, et la bibliothèque a fini par me le donner», a-t-il confié au journal français.
Le scientifique algérien explique qu’il a dû s’exiler durant les années 1990 en raison du terrorisme. Le sort a voulu qu’il fût mis en contact avec un fournisseur français alors qu’il venait de s’installer à son propre compte. «J’avais une bonne situation, mais ma chance est venue d’un client qui m’a mis en relation avec un chercheur français en robotique, et la passion l’a emporté. C’était aussi l’époque des attentats à répétition, je me suis décidé à partir», raconte Abderrahmane Kheddar non sans une certaine amertume, en dépit de sa réussite sous d’autres cieux.
«En 1997, il obtient sa thèse et déjà une réputation internationale dans la télé-opération», souligne Le Monde, qui révèle que le diplômé d’Oued Smar, «est le premier à faire assembler simultanément des pièces d’un puzzle à quatre robots géographiquement éloignés».
En 2003, Abderrahmane Kheddar participe avec un scientifique français à la création d’un laboratoire de robotique franco-nippon au Japon et gagne l’estime de ses pairs à Tsukuba qui reconnaissent à l’Algérien sa «clairvoyance» et son apport inestimable à la recherche dans le domaine : «Nous savions faire des robots qui avancent sur du plat, mais pour obtenir des déplacements utiles, il faut générer des ponts d’appui. Abder (Abderrahmane Kheddar, ndlr) a été clairvoyant. Il était le seul à travailler sur l’haptique (la science du toucher) et à imaginer calquer les mouvements des robots sur ceux des humains.»
Les recherches auxquelles Abderrahmane Kheddar a «apporté une vraie valeur ajoutée», selon ses collègues japonais, sont appliquées par le géant de l’aéronautique européen Airbus, entre autres.
Le génie algérien s’exporte et fait perdre à l’Algérie des milliards de dollars, d’après une étude de l’ONU. Nous cherchons les ressources sous terre tandis que le capital est dans nos cerveaux qui fructifient leur richesse intellectuelle sous d’autres cieux et font profiter d’autres nations malgré eux.
L. S.
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