Désaveu américain
Par Sadek Sahraoui – Le président américain, Donald Trump, vient de signer un texte de loi renforçant les sanctions contre le Hezbollah libanais. Intitulée «Hezbollah International Financing Prevention Amendments Act (HIFPAA) of 2018», cette loi est une version amendée (S.1595) d’une loi précédente, présentée en 2015 par les sénateurs Marco Rubio (républicain) et Jeanne Shaheen (démocrate) et qui avait été votée par le Sénat le 5 octobre 2017.
L’administration américaine explique que cette loi a pour but d’«isoler encore plus le Hezbollah du système financier international et réduire ses sources de financement». «Ces sanctions vont viser des personnes et agences gouvernementales étrangères qui soutiennent le Hezbollah ainsi que des réseaux de drogue et autres crimes internationaux qui lui sont affiliés», précise encore la Maison-Blanche. «Nous allons cibler, perturber et démanteler leurs nombreuses opérations et leurs efforts de financement… Nous n’oublierons jamais ce qu’ils ont fait à nos Marines à Beyrouth», a martelé le président Trump durant son allocution ayant précédé la signature du texte en question. Une loi qui, nous l’imaginons très bien, annonce de nouvelles tensions au Proche-Orient.
Les alliés des Etats-Unis et de l’Arabie Saoudite ont certainement dû applaudir l’initiative de la Maison-Blanche, eux qui veulent avoir la tête de Hassan Nasrallah. Cela à l’exception certainement d’un seul, le Maroc. Pourquoi ? La réponse est pourtant simple.
Afin de discréditer la cause sahraouie et amener les Américains à ne pas soutenir l’option du référendum, le Makhzen a récemment dépensé des millions de dollars sous la table pour convaincre certains élus américains de faire rentrer l’idée dans la tête de Donald Trump qu’il y avait des connexions entre le Hezbollah et le Front Polisario.
Ce lobbying a même été soutenu par une campagne médiatique très agressive qui a consisté à fabriquer de fausses preuves sur l’existence de liens entre les Sahraouis, l’Algérie et l’organisation libanaise.
Et il est à parier qu’en ce moment Mohammed VI doit être furieux de constater que la Maison-Blanche n’a pas marché dans sa grotesque combine et qu’il a dépensé une fortune pour rien. Le «Hezbollah International Financing Prevention Amendments Act (HIFPAA) of 2018» n’évoque, en effet, à aucun moment l’existence de liens entre le mouvement libanais et le Front Polisario ou avec une quelconque autre partie s’en rapprochant.
Si ce texte ne l’a pas fait, c’est parce qu’évidemment il n’y en a pas. Mais plus que de rappeler une réalité – que du reste tout le monde sait –, cette loi est intéressante en ce sens qu’elle inflige indirectement un camouflet monumental au Makhzen et montre à quel point la politique étrangère du Maroc est fondée sur le mensonge.
S. S.
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