Les islamistes veulent «impliquer» l’Algérie dans l’affaire Jamal Khashoggi
Par R. Mahmoudi – Le silence observé par les autorités politiques algériennes sur l’affaire de l’assassinat, en Turquie, du journaliste saoudien dissident Jamal Khashoggi, n’est pas du goût des islamistes algériens, qui y voient une forme d’alignement sur la position de Riyad.
Pour le MSP, par la voix d’un de ses dirigeants, Abderrahmane Saïdi, ce silence d’Alger s’expliquerait par «des calculs politiques internes et externes». Calculs internes : les Algériens sont absorbés par la crise parlementaire et ont le regard braqué sur les prochaines échéances électorales. Calculs externes : «L’Algérie, lésée par son alignement à chaque fois contre l’Arabie Saoudite à la Ligue arabe, s’est résolue à adopter un profil bas, en tentant de tirer profit de son rapprochement avec Riyad, notamment lors de la dernière conférence de l’Opep à Alger», argue ce cadre du MSP. Ce dernier tente de reformuler, dans un langage diplomatique, une position plus agressive de son parti vis-à-vis de cette affaire, réclamant une condamnation claire et assumé du régime saoudien. Une condamnation qui est, pour eux, synonyme de réhabilitation des Frères musulmans et un retour en force au pouvoir dans la région arabe.
Les islamistes algériens, plus par accointances idéologiques que pour toute autre considération, ont réagi d’une seule voix pour condamner ce crime d’Etat ordonné, selon toute vraisemblance, par l’homme fort de Riyad, Mohammed Ben Salman. D’Ali Benhadj à Abdallah Djaballah et Abderrazak Mokri, en passant par les nombreux activistes proches de cette mouvance, les islamistes se sont mobilisés dès l’annonce de l’enlèvement du journaliste saoudien, notoirement connu pour sa proximité avec l’internationale des Frères musulmans et du régime d’Ankara, faisant le procès du régime saoudien. Pour certains d’entre eux, comme Ali Benhadj ou Abdallah Djaballah, ils «découvrent» la nature «criminelle» du régime saoudien, en égrenant le chapelet des crimes commis par les dignitaires de la monarchie wahhabite depuis sa création et restés impunis.
R. M.
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