Tunisie : nouveau clash entre Essebsi et Chahed
Par Sadek Sahraoui – Le Premier ministre tunisien, Youssef Chahed, a annoncé, hier, un remaniement. Selon lui, il vise à «sortir de la crise politique». Au total, treize nouveaux ministres entrent au gouvernement. Les ministres des Affaires étrangères, de la Défense et de l’Intérieur restent néanmoins à leur poste. La nouveauté réside surtout dans le fait que Youssef Chahed a décidé d’intégrer dans sa nouvelle équipe un Tunisien de confession juive et un ancien responsable de l’ère Benali.
Chahed a indiqué avoir effectué ce remaniement pour former «une équipe gouvernementale solidaire et responsable qui peut assurer la stabilité dans le pays, résoudre les questions brûlantes et sortir de la crise politique». Avec ce remaniement, «j’ai assumé mes responsabilités en tant que chef du gouvernement et selon les prérogatives que me donne la Constitution», a-t-il déclaré à la presse.
Ce choix n’a visiblement pas été du goût du président tunisien, Béji Caïd Essebsi (BCE), puisqu’il a décidé aussitôt l’annonce du remaniement de s’y opposer. La porte-parole de la présidence de la République, Saida Garrach, a soutenu à ce propos que le remaniement avait été «fait à la hâte» et qu’il reflétait une «politique du fait accompli». Mme Garrach a assuré également, dans une déclaration à l’agence TAP, qu’«il n’y a pas eu concertation avec le président de la République à propos de ce remaniement». «Le président de la République a été informé de la liste en fin de journée. Il semble qu’elle ait été changée par la suite», a-t-elle ajouté.
Nommé chef d’un gouvernement d’union nationale en août 2016, Chahed, 43 ans, a dépassé en longévité tous ses prédécesseurs depuis la chute de Ben Ali en 2011. Une faction de son parti, Nidaa Tounès, menée par le fils de Béji Caïd Essebsi, chef de l’Etat et fondateur du parti, ainsi que la puissante centrale syndicale UGTT ont réclamé son départ pendant des mois. Et il est possible que la décision de BCE de s’opposer à l’initiative de Youssef Chahed s’explique par la volonté du premier de discréditer le second et de lui barrer la route pour la présidentielle de 2019. Cela surtout que Youssef Chahed n’écarte pas l’idée de s’y présenter.
S. S.
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