Benflis : «L’opposition est cloîtrée dans un espace délimité par des lignes rouges»
Par Hani Abdi − Le président du parti Talaie El-Houriyet, Ali Benflis, dénonce les manœuvres du pouvoir visant à étouffer toute voix discordante. S’exprimant aujourd’hui devant les membres du comité central du parti, Benflis s’élève contre les agissements du pouvoir contre les forces de l’opposition qu’il brime par tous les moyens.
«L’opposition subit le harcèlement systématique du pouvoir politique et le verrouillage hermétique du champ politique et médiatique pour étouffer toute expression qui viendrait perturber la marche vers le maintien du statu quo qui assure la pérennité du régime politique en place au mépris de la volonté populaire», souligne l’ancien chef du gouvernement. «L’amendement de la Constitution en 2016 était censé donner plus de prérogatives à l’opposition.
En fin de compte, nous assistons à un verrouillage encore plus serré et plus hermétique du champ politique et médiatique», relève-t-il avec regret, considérant que ces atteintes systématiques des autorités publiques au droit constitutionnel des partis politiques de tenir des rencontres pacifiques dans des salles, et d’organiser des rassemblements tout aussi pacifiques dans des lieux publics illustrent l’acharnement du pouvoir politique à isoler l’opposition, de la population, pour se réserver le monopole de la communication avec le citoyen et distiller le discours «de la continuité, synonyme de paix et de stabilité, pour le pays et de bien-être pour la population».
Ali Benflis, deux fois candidat à la présidentielle, estime que le climat politique est vicié et que les gouvernants font tout pour diaboliser l’opposition, rendue responsable de tous les maux qui «empêchent notre pays d’avancer», tantôt accusée de servir des agendas étrangers, tantôt de «semer la fitna pour faire revenir l’Algérie aux années 90». Pour lui, les autorités ne lésinent pas sur les moyens pour empêcher l’opposition de s’exprimer : «Dans sa détermination à faire taire les voix discordantes, le pouvoir politique ne s’embarrasse plus des formes, vis-à-vis de l’opinion publique. L’opposition est cloîtrée dans un espace délimité par des lignes rouges, qui se rétrécit de jour en jour.» Et de souligner que le pouvoir politique s’affaire à baliser le chemin qui le mène jusqu’à 2019 en tentant de neutraliser l’opposition et les médias par la fermeture hermétique du champ politique et médiatique.
Le pouvoir, selon Ali Benflis, a désigné l’opposition comme bouc émissaire auquel on reproche de vouloir priver le peuple algérien de continuer à profiter de la prospérité que lui a procuré le régime en place ! «Le bouc émissaire c’est aussi la presse indépendante à laquelle il est reproché de véhiculer le discours de haine de l’opposition», ajoute le président de Talaie El-Houriyet, qui dresse un bilan peu reluisant de la situation générale du pays 64 ans après le déclenchement de la guerre de Libération nationale.
H. A.
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