Alger : hommage appuyé à l’artiste polyvalente Khadidja Hamsi
Un hommage appuyé a été rendu samedi à Alger par le Haut Commissariat à l’Amazighité (Hca), à Khadidja Hamsi, grande artiste polyvalente qui a consacré plus de 40 ans de sa vie à œuvrer pour la consécration et la promotion de l’identité amazighe.
Le public, de la salle de cinéma «El Khayam» (ex-Claude-Débussy) à Alger, est venu nombreux manifester sa reconnaissance à la grande «artiste polyvalente», Khadidja Hamsi, «novatrice de magie et de beauté», pour «l’ensemble de sa riche carrière de créatrice de mode amazighe, de chanteuse et de comédienne», peut-on lire sur le document de présentation qui lui a été consacré.
De la musique chaâbie, kabyle et chaouie, de la poésie, des témoignages et un court documentaire ont constitué le contenu du programme de la cérémonie, à laquelle a assisté le Secrétaire général du Hca, Si El Hachemi Assad, ainsi que plusieurs personnalités et représentants locaux de différentes institutions publiques.
L’Orchestre de l’association «Neghma» de Bejaïa, sous la direction de H’Sinou Fadli, également au chant, a présenté un programme varié entre chaâbi algérois et, à la demande des organisateurs, reprises du regretté Lounès Matoub, rendues par Yanis Ziani et Sofiane Attou, avant d’inviter le chanteur, Zoheir Chaoui pour déclamer quelques istikhbars (préludes), avec une voix pure, aux intonations puissantes, renvoyant aux Aurès.
Un documentaire d’une quinzaine de minutes, a été consacré à la remarquable résidence de Khadidja Hamsi, qu’elle a faite construire dans la région d’Azeffoun selon sa propre conception architecturale, basée sur un «espace ouvert», où la «diagonale et la lumière sont privilégiées», un «plan libre non cloisonné», dans lequel l’artiste a exposé toutes ses créations et ses objets restaurés, n’hésitant pas à qualifier sa demeure de «maison méditerranéenne avec une âme kabyle».
Plusieurs témoignages, dont ceux de l’écrivaine, Djohar Amhis Ouksel, des animateurs-producteurs d’émissions radiophoniques Abdelmadjid Bali et Hamid M’Djahed, ainsi que de la poétesse, animatrice et comédienne Hadjira Oulbachir, ont mis en valeur le parcours atypique de Khadidja Hamsi, une «autodidacte au génie singulier et à la créativité abondante», ont-ils soutenu en substance.
La troupe folklorique, «Tiziri» d’«Idebbalen», ensemble traditionnel de musique kabyle que l’artiste mise en valeur affectionne particulièrement, a accompagné la remise, par Si El Hachemi Assad, du trophée honorifique et de quelques cadeaux symboliques, à Khadidja Hamsi.
Dotée d’une sensibilité atypique et d’une soif d’apprendre permanente, Khadidja Hamsi, native de Yemma Gouraya (Bejaïa), a, dès son jeune âge, manifesté de grandes capacités en couture et broderie moderne, s’intéressant également à la tapisserie, aux chants et danses populaires, à la poésie féminine, à l’art culinaire ainsi qu’aux rites traditionnels.
Venue s’installer à Alger, elle s’épanouit dans son art, encouragée dès les années 1970 par de grandes figures de la culture algérienne, à l’instar de Kateb Yacine, M’Hamed Isiakhem, Ali Zamoum et Mohamed Benmohamed.
Faisant de la robe kabyle une œuvre d’art, en la sortant d’un «folklorisme ambiant» pour lui introduire des broderies de «signes et de symboles anciens», Khadidja Hamsi va assurer la conception et la réalisation des costumes du long métrage «La montagne de Baya» de Azzeddine Meddour et la pièce de théâtre «Enta khouya wana ch’koun» de Slimane Benaïssa, tout en prêtant accessoirement sa voix pour interpréter des «Achwiqs» dans «Les rameaux de feu», long métrage de Mohamed Ifticène et un documentaire consacré au parcours artistique du regretté plasticien M’Hamed Issiakhem.
Ses œuvres ayant immédiatement séduit les cercles diplomatiques et les sphères citadines d’Alger, Khadidja Hamsi réalisera plusieurs expositions en Algérie et à l’étranger, et obtiendra plusieurs distinctions, qui consacreront son art, dans ses contenus authentiques et ses formes modernes.
L’hommage rendu par le Hca à Khadidja Hamsi, a été organisé en collaboration avec la commune d’Alger-Centre.
R. C.
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