Test d’hégémonie
Par Akram Chorfi – La monarchie wahhabite ne gouvernait pas dans le passé par la politique mais par la religion. Tout ce qui se faisait auparavant était bordé par l’esprit de l’imamat et de la sacralité religieuse.
Aujourd’hui, et depuis les premières décisions d’ouverture qui consacraient quelques droits féminins, ceux de l’opposition politique et autres signes d’une mue idéologique, dont il reste à définir les contours, l’étendue et la source d’inspiration, l’Arabie Saoudite commence à voir se complexifier l’exercice de la politique dans la gestion des affaires publiques, preuve en est qu’avant, sur la base du référent religieux, on savait, à partir d’un fait, quel allait être le mode de gestion de ce fait par le pouvoir saoudien.
Désormais, ce n’est plus le référent religieux qui commande, même s’il demeure le socle de la légitimité de la famille royale, mais bien une stratégie dont les objectifs prédéfinis semblent avoir aiguillé le mode de gouvernance dans le sens d’un exercice moderne de la décision politique.
C’est ce qui a conduit à confier le pouvoir au jeune loup qu’est Mohammed Ben Salmane à qui un blanc-seing semble avoir été remis dès le départ afin de «sauver» l’Arabie Saoudite de ses ennemis de l’intérieur, dont l’opposition politique et quelques princes archimilliardaires qui brouillaient la lisibilité du pouvoir à l’international, dont des comportements indignes, de triste réputation, entachaient l’image de ce royaume depuis déjà quatre décennies.
L’Arabie Saoudite qui exécutait ses ennemis au nom d’Allah évolue vers un nouvel être idéologique et se met, désormais, grâce au nouveau prince de la politique saoudienne rénovée, à exécuter ses ennemis au nom de la politique, même si on continue de priser les exécutions du vendredi.
Une politique toute américaine, inspirée des méthodes de la CIA, et qui s’apprête à exercer, à travers une tournée dans quelques pays arabes, un test d’hégémonie, inspiré des méthodes de Trump vis-à-vis de ses satellites européens. Ce sera une partie de plaisir pour le prince d’Arabie, à l’exception d’une seule escale ; l’escale algérienne pour laquelle il devra le succès de sa tournée ou son échec.
A. C.
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