Comment l’Occident a multiplié le nombre de terroristes par 4 en 20 ans
Par Sadek Sahraoui – Une nouvelle étude menée par l’organisme bipartisan Center for Strategic and International Studies (CSIS), Centre d’études stratégiques et internationales, consacrée au terrorisme et reprise cette semaine par le site intelnews, est assez inquiétante. Elle inquiète car elle montre que les efforts occidentaux pour combattre l’extrémisme et le terrorisme se sont avérés un échec, et pourraient même avoir accentué le problème. Le rapport estime même que le nombre de militants islamistes sunnites est aujourd’hui 270% plus important qu’en 2001, au moment des attentats du 11 septembre. Autrement dit, il y a quatre fois plus de militants islamistes sunnites aujourd’hui dans le monde qu’il y a 20 ans.
Le rapport de 70 pages, intitulé «L’évolution de la menace djihadiste salafite», signale la même source, est l’un des documents les plus complets jamais mené sur ce sujet. Il se fonde sur des informations provenant de bases de données remontant jusqu’à 40 ans en arrière et met en avant le fait que malgré une perte territoriale de l’Etat Islamique en Irak et en Syrie, le «militantisme armé sunnite est loin d’être défait».
Selon le rapport du CSIS, «le nombre de djihadistes salafites – des partisans de la lutte armée contre ce qu’ils perçoivent comme les ennemis de l’islam – a légèrement baissé par rapport à 2016 mais reste à son niveau le plus haut sur les 38 dernières années». Il estime qu’il y a aujourd’hui environ 230 000 djihadistes salafistes dispersés dans 70 pays. La grande majorité est basée en Syrie (jusqu’à 70 500), Afghanistan (64 000) Pakistan (40 000) et Irak (environ 15 000). On trouve près de 30 000 militants en Afrique, essentiellement en Somalie, au Nigéria et dans la région du Sahel.
La même source indique que «ces combattants, et les groupes au sein desquels ils combattent, sont plus robustes que ce que tendent de penser les stratèges antiterroristes occidentaux», ajoutant qu’ils profitent aussi par inadvertance des échecs de politiques successives mises en place par les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux.
Ces derniers, rappelle le rapport en question, se focalisent essentiellement sur les aspects militaires des campagnes antiterroristes, ignorant l’importance qu’il y a à améliorer la gouvernance dans les territoires dans lesquels l’islamisme sunnite est en vigueur. De ce fait, alors que les Etats-Unis et leurs alliés continuent à s’engouffrer dans des «confrontations [militaires] qui paraissent interminables avec des groupes qui se métastasent sans cesse», ils se heurtent à des vagues sans fin de militants qui parviennent à résister de mieux en mieux à la force militaire conventionnelle occidentale.
S. S.
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