Beji Caïd Essebsi : «Ennahdha m’a menacé et cherche à m’intimider»
Par Sadek Sahraoui – Le président tunisien Béji Caïd Essebsi s’est indigné jeudi, au cours d’une réunion du conseil de sécurité nationale, contre la réaction du mouvement Ennahdha qui a suivi sa rencontre avec le collectif d’avocats chargé de faire la lumière sur l’assassinat de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi. Ennahdha est accusé par plusieurs milieux tunisiens d’avoir un appareil sécuritaire secret et d’avoir commandité le meurtre de Chokri Belaïd et Mohamed brahimi.
Béjà Caïd Essebsi a expliqué que ces avocats qui sont venus le voir avaient raison dans ce qu’ils avançaient. «Ils m’ont apporté un gros volume de documents étayant leurs dires. Est-ce que je dois fermer les yeux ? Et puis, pourquoi sont-ils si fâchés, quel secret y-a-il ? Leur appareil secret ?» s’est-il interrogé. Il a ajouté qu’il n’est un secret pour personne que le mouvement Ennahdha dispose d’un appareil secret. «Le monde entier parle désormais de cet appareil secret ! Mais il semble qu’Ennahdha est devenue hors d’elle et a publié, tard dans la nuit, un communiqué qui comportait des menaces pour ma personne», s’est encore insurgé le président tunisien, qui a insisté sur l’idée qu’il «ne tolérerait pas de telles menaces et de telles intimidations». Béji Caïd Essebsi a assuré que «ces manœuvres ne marcheront pas avec lui et que les tribunaux se chargeront de cette affaire».
De son côté, le mouvement Ennahdha a répondu à Béji Caïd Essebsi en assurant que son communiqué publié le 26 novembre «ne contenait aucune menace contre le président de la République et n’a jamais porté atteinte à la position du président de la République». Abdelhamid Jlassi, un dirigeant d’Ennahdha, a déclaré que «la fonction du président de la République jouit d’un grand respect au sein du mouvement».
L’avocat et activiste Imed Ben Hlima a expliqué pour sa part que l’affaire de l’appareil secret d’Ennahdha, si elle est bien instruite, pourrait conduire à la dissolution du parti. Il a précisé que cette dissolution, quand il s’avérera que le parti ne respecte pas la loi régissant les partis politiques, pourrait se faire sur simple décision du chef du gouvernement. «Mais comme cette hypothèse est très peu probable vu les relations entre Chahed et le parti islamiste, en ce moment, il sera possible de le dissoudre sur décision judiciaire, comme cela a été fait avec les ligues de la protection de la révolution», a-t-il ajouté. Imed Ben Hlima a soutenu que ce dossier montre les islamistes sous leur vrai visage. Il s’est montré persuadé qu’un grand nombre de leurs sympathisants finiront par les déserter. «Cela commence déjà à être le cas vu la diminution des électeurs du parti enregistré entre les élections de 2011 et les municipales de 2018», a-t-il fait remarquer.
S. S.
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