La poudrière française
Par Rabah Toubal – Il faut remonter à plus de dix années pour trouver une présidence «normale» de la République française et d’un président aussi normal, à l’image de ses prédécesseurs de la Ve République. En effet, les trois présidents qui ont succédé à Jacques Chirac ont tous été élus et ont gouverné soit par excès, soit par défaut une France en crise.
Tout compte fait, des bilans des trois derniers présidents français, qui couvrent la période 2007-2018, celui de Nicolas Sarkozy, décrié et honni par les uns et les autres pour son caractère, ses frasques et son agitation jugée dangereuse pour la stabilité de son pays, aura été le moins négatif, puisqu’il a permis à la France de transcender et d’amortir les effets ravageurs de la crise financière qui avait brutalement secoué l’économie mondiale en 2008 et détruit les économies de nombreux pays d’Europe et d’ailleurs. Même si sa politique étrangère, dirigée par le socialiste Bernard Kouchner et influencée par son ami Bernard-Henri Lévy, concernant la Libye, en particulier, et les pays arabes, en général, a été catastrophique.
Son successeur, le «socialiste» François Hollande, qui n’a pu être élu que grâce à la défection, pour cause de scandale sexuel, de Dominique Strauss-Kahn, donné largement favori par les sondages, était durant son mandat au centre de nombreuses affaires. Ses contradictions et sa mollesse, voire sa versatilité politique, économique et sociale ne lui ont pas permis de tenir les dizaines de promesses avancées lors de sa campagne électorale et sera aussitôt discrédité irréversiblement au point d’avoir eu peur de se présenter à sa propre succession en 2017. Devenant ainsi le premier président de la Ve République sortant à «déserter» l’Elysée.
Enfin, Emmanuel Macron, imposé à l’âge de 39 ans par la finance internationale contre les extrémistes de droite et de gauche du Front National et du mouvement des Insoumis, s’avère, depuis son élection en mai 2017, comme le pire ennemi des classes pauvre et moyenne par sa soumission quasi totale à ses sponsors et son ultra-libéralisme aveugle.
En un an et demi, la doctrine du président le plus impopulaire de la Ve République, connue sous le vocable de «macronisme», est devenue synonyme du stade suprême du «crétinisme», tant ce président inexpérimenté, arrogant et méprisant envers la majorité du peuple français, s’enlise dans une fuite en avant dangereuse pour la cohésion, la stabilité, la sécurité et l’unité de la France, devenue une véritable poudrière à cause des erreurs majeures cumulées de ces trois derniers présidents.
Ses nombreux adversaires politiques, de tous bords, des personnalités et des intellectuels français sont de plus en plus inquiets et persuadés qu’Emmanuel Macron, qu’ils qualifient de tous les quolibets, mène la France droit dans le mur et ne pourra, de ce fait, achever son mandat pour le moins houleux et très controversé.
R. T.
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