Les spécialistes sont unanimes : la France est face à une situation explosive
De Paris, Mrizek Sahraoui – Nombre de spécialistes de la vie politique française le reconnaissent : «La France est manifestement face à une situation explosive.» De la revendication de la suppression des taxes sur les carburants – même satisfaite, la concession ne suffira pas à calmer la colère, selon les représentants des Gilets jaunes –, la demande est passée, désormais, à l’exigence d’une refondation du contrat social. Ils le disent clairement : «Nous voulons reprendre en main le destin de notre pays.»
La rupture est totale. Entre le peuple qui souffre et (son) président, dont la vocation première est, normalement, d’avoir été élu pour protéger et, surtout, servir les plus démunis, le schisme a pris une telle ampleur qu’il est désormais impossible de réconcilier le bas et le haut. Finalement, le macronisme n’aura pas permis cette réconciliation tant vantée par le candidat Macron. Pas plus qu'(il) n’aura résisté à l’épreuve du temps ; il va disparaître aussi vite qu’il est apparu, prédisent certains observateurs patentés.
Pourtant, au début de son mandat, Emmanuel Macron avait tout pour réussir son quinquennat : la France a repris le chemin de la croissance, timidement mais peu importe ; le chômage avait entamé une baisse. Au sommet de sa gloire, Emmanuel Macron avait bénéficié d’une adhésion populaire sans commune mesure, plébiscité, alors, à la suite de quelques succès, notamment diplomatiques.
Quoi qu’il fasse, dise ou décide après les consultations qu’il vient d’ouvrir, ce lundi, avec les partis politiques, les syndicats et quelques représentants des Gilets jaunes dits modérés, Emmanuel Macron a d’ores et déjà perdu l’épreuve de force qu’il a lui-même engagée contre le peuple. Une seule alternative s’offre à lui, selon certains commentateurs : s’il capitule, il perd sa crédibilité et ne pourra plus être en capacité d’entreprendre de nouvelles réformes, notamment la réforme des retraites, un dossier brûlant. S’il persiste dans le déni de la réalité, en considérant la colère des petites gens comme une simple vicissitude de la vie politique, alors, au regard de la mobilisation des Gilets jaunes, décidés plus que jamais d’aller au bout de leurs revendications, le risque d’une révolution est d’autant plus grand que l’une des principales demandes des manifestants est le départ pur et simple du président Macron.
Le quinquennat est terni mais également les répercussions de la gestion catastrophique de cette colère sociale sont désastreuses pour la suite et auront un impact considérable sur les élections européennes de mai prochain.
Alors même que l’on ne voit pas émerger celui qui va profiter et tirer les marrons du feu de cette insurrection, les plus sceptiques parlent déjà de la victoire des partis d’extrême droite qui n’auront pas besoin de faire la campagne électorale en 2022, Emmanuel Macron l’aura faite pour eux tout au long de son mandat, préviennent-ils.
Etonnamment, parmi les revendications des Gilets jaunes, soutenus par huit Français sur dix, aucune ne fait référence à l’immigration. En clair, tous les discours de gauche comme de droite stigmatisant l’immigration, indexée comme étant la source des maux de la société, n’ont pas pris et avaient finalement pour objectif de nourrir les peurs de l’étranger pour des visées bassement électoralistes. Et rien d’autre.
L’étranger est étranger aux malheurs du peuple français, semble dire cet inédit mouvement citoyen.
M. S.
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