Un général écrit à Bouteflika : «Une minorité se sert de votre image !»
Par Kamel M. – Le général-major à la retraite Ali Ghediri a adressé une lettre ouverte au président de la République via le quotidien El-Watan, l’exhortant à éviter au pays «une redescente aux enfers», car l’Algérie, écrit-il, «a assez souffert depuis le recouvrement de son indépendance» et «ses enfants sont en droit de vivre une rupture qui réponde à leurs aspirations, à leur rêve».
L’ancien directeur central au ministère de la Défense nationale explique que s’il s’adresse au Président «précisément en ce moment par le biais d’une lettre ouverte, c’est que la situation le requiert». Se référant à une rencontre avec le chef de l’Etat «il y a bientôt quinze ans», le général Ghediri rappelle au président Bouteflika avoir «fait montre de réceptivité franche et de bonnes dispositions à l’égard (…) de l’idée de changement».
«Je veux croire obstinément que telle est la voie du salut pour ce pays», insiste l’auteur de la lettre ouverte, qui renvoie le président de la République à son discours de mai 2012, «qui a porté sur la nécessité et l’inéluctabilité de la transition générationnelle». «Vous étiez sincère et tel était le fond de votre pensée», souligne le général à la retraite, convaincu que le Président «l’aurait fait n’étaient les aléas de la vie».
Le général Ghediri affirme refuser de croire que Bouteflika puisse être «un obstacle au changement».
«Frère Président, vous avez assez fait pour ce pays (…) pour qu’une minorité se serve de votre image, de votre passé et de l’affect populaire à votre égard pour monter des stratagèmes qui n’ont d’autre finalité que d’assouvir des desseins d’accaparement d’un pouvoir qu’elle sait hors de sa portée par les voies normales», accuse-t-il, expliquant que «c’est là où se situe la déviance». L’auteur de la lettre met en garde contre le «péril» que cela fait peser sur la nation, «traversée par de graves incertitudes quant à son avenir et à son unité».
«Il serait dangereux pour la stabilité du pays de ne pas tenir compte» de l’opinion du peuple, avertit le général Ghediri en se disant convaincu que Bouteflika «demeurera attentif à ses réactions».
«Frère Président, vous méritez mieux que de servir de gué pour des aventuriers sans scrupules, rôle que certains, nullement représentatifs de ce peuple, semblent vouloir vous assigner», dénonce le général Ali Ghediri pour qui la «destinée» du président Bouteflika le «prédispose» pour être un «lien», un «trait d’union historique» et un «pont» entre deux générations : «celle qui a fait Novembre et de l’Algérie une nation et celle qui, imprégnée de son esprit, œuvre à en perpétuer le message».
L’officier de l’ANP demande à Bouteflika d’empêcher, «dans un ultime geste salvateur», que son état de santé «soit mis à profit par certains pour mener ce pays vers le péril» et l’appelle à «user de l’autorité légale», de «l’autorité morale» et du «capital de sympathie» pour que la transition «se fasse dans les règles, à travers des élections propres et honnêtes, seules à même d’éviter à notre pays un désastre potentiel».
K. M.
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