Le dernier moine survivant de Tibhirine : «Il ne faut pas parler que de nous !»
Par R. Mahmoudi – Le dernier survivant des moines de Tibhirine, Jean-Pierre Schumacher, aujourd’hui âgé de 94 ans et vivant au Maroc, a souhaité, dans un témoignage diffusé samedi par la chaîne publique française France 24, que les autres victimes du terrorisme islamiste soient aussi évoquées : «Après l’assassinat des frères, j’étais en Algérie, j’ai dit qu’il ne fallait pas parler seulement des frères, mais il y avait beaucoup d’Algériens qui ont été tués de la même manière et qui étaient innocents et rejetaient la violence. Il ne faut pas parler seulement de nous, nous sommes, tous, un ensemble», a confié le moine.
Malgré le poids de l’âge, Jean-Pierre Schumacher et ses compagnons de Notre-Dame de l’Atlas qu’ils avaient déplacé de Tibhirine depuis le drame causé par le massacre commis par le GIA sous la férule du sanguinaire Djameld Zitouni, a accepté de faire le déplacement en Algérie pour assister à la cérémonie de béatification des sept moines assassinés, qui a eu lieu samedi à l’église Santa Cruz à Oran, en présence de l’envoyé spécial du pape François.
Cette cérémonie inédite dans un pays musulman, a été l’occasion pour les médias français de revenir sur cet épisode douloureux, avec toujours la prétention de «lever un voile sur le mystère» de cette tragédie et de nourrir les vieilles suspicions démontées, une à une, par les enquêtes et les investigations menées jusqu’ici. Mais sans apporter rien de nouveau.
C’est le cas du nouveau livre de la journaliste Mireille Duteil qu’elle vient de publier sous le titre pompeux Les martyrs de Tibhirine – L’histoire d’un drame politico-religieux aux éditions Salvator. Evoquant l’enlèvement des moines dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, l’auteure rappelle qu’il a bien été revendiqué par le Groupe islamique armé (GIA), mais s’interroge perfidement : «L’Etat algérien a-t-il joué un rôle sombre lors de négociations menées par les services français pour la libération des moines ?». Elle dit avoir longuement rencontré les magistrats chargés de l’enquête, «des anciens fonctionnaires des services algériens qui ont suivi l’affaire» et suivi «à la trace» certains des négociateurs français qui n’ont pas, selon elle, «toujours joué un rôle clair».
R. M.
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