Pourquoi l’élection présidentielle de 2019 ne risque pas d’être reportée
Par Sadek Sahraoui – Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrazak Mokri, a multiplié ces derniers jours les sorties médiatiques dans le but évident d’accréditer l’idée que sa proposition de reporter l’élection présidentielle d’avril 2019 a requis un large consensus, y compris au sein des sphères du pouvoir. Il n’y a pas plus faux. Ni les partis de l’opposition et encore moins les formations de l’alliance présidentielle n’ont soutenu, à ce jour, cette curieuse – et illégale –suggestion que rien ne justifie.
Il est peu probable, en tout cas, que des partis comme le RCD – avec lequel le MSP ne s’entend plus depuis les fameuses rencontres de Zeralda – et le FFS abondent dans le sens d’une telle revendication pour la simple raison qu’ils ont également tous deux un plan de sortie de crise. L’on ne voit, d’ailleurs, pas pourquoi ils feraient un cadeau politique à un concurrent immédiat en acceptant une proposition suspecte.
Du côté des partis de l’alliance, il est fort possible également que le MSP se voie opposer un refus catégorique. Le RND pourrait être le premier à repousser l’offre politique d’Abderrazak Mokri. Ceux qui connaissent bien le parti dirigé par Ahmed Ouyahia, savent que le RND est contre toute idée de report de scrutins électoraux et d’amorce de périodes de transition. Pour le RND, s’engager dans une période de transition reviendrait à donner raison aux islamistes et à admettre l’idée que l’Etat serait défaillant et qu’il y aurait une vacance du pouvoir. L’Etat a toujours combattu ce type de proposition ces vingt dernières années. En somme, le leader du MSP veut replacer le pays dans des conditions similaires à celles dans lequel il était durant les années 1990.
Le but évident de la manœuvre de Mokri est de précipiter le pays dans l’inconnu afin de se donner une chance de revenir au pouvoir et de permettre aux forces les plus rétrogrades de la société de reprendre du poil de la bête. C’est peut-être la raison pour laquelle Ahmed Ouyahia, ayant senti le danger pointer à l’horizon, avait «conseillé», la semaine dernière, ceux qui nourrissent l’espoir de voir l’élection présidentielle d’avril prochain reportée de «garder les pieds sur terre».
S. K.
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