Washington fournit 384 chars Abrams à Mohammed VI : que cherche Trump ?
Par Houari A. – Les médias marocains se sont fait l’écho de l’acquisition par l’armée du roi Mohammed VI de 384 chars Abrams de fabrication américaine auprès de l’Administration Trump, ces derniers mois. La transaction, d’une valeur de plus d’un milliard de dollars, s’est faite en deux temps, le Makhzen devant recevoir une seconde livraison de ce type d’armes lourdes «dans les toutes prochaines semaines».
Cette alliance militaire entre Washington et Rabat intervient à un moment crucial dans le dossier sahraoui. Les Etats-Unis ont clairement décidé de s’intéresser de façon plus accrue au Maghreb après que la première puissance mondiale s’était focalisée quasi exclusivement sur le Moyen-Orient. Pourquoi cette course soudaine à l’armement alors que les Nations unies ont redoublé d’efforts pour accélérer le règlement du conflit entre le Maroc et le Front Polisario, qui viennent de se rencontrer à Genève autour d’une table ronde à laquelle l’Algérie a pris part en tant que pays voisin ?
Les Etats-Unis jouent un jeu trouble dans la région, depuis que l’Administration Trump a décidé de s’impliquer directement en Libye où elle a imposé une adjointe au représentant spécial du secrétaire général de l’ONU dans ce pays voisin en proie à une guerre civile ravageuse. La Maison-Blanche semble aussi vouloir imposer ses règles du jeu dans le dossier sahraoui et cette vente intensive de chars au régime monarchique de Rabat résonne comme une mise en garde indirecte à l’Algérie, qui continue d’équiper son armée chez son fournisseur traditionnel, la Russie.
Washington pourrait être tentée par une escalade militaire au Maghreb entre les deux frères ennemis et tenter le diable en propageant le chaos libyen à toute la région pour, à la fois, empêcher tout rapprochement entre l’Algérie et le Maroc qui pourrait accélérer la construction du Grand Maghreb telle que souhaitée par Alger par la voix de son ministre des Affaires étrangères qui a appelé à une réunion imminente, et déstabiliser le sud de l’Europe dans une guerre secrète que Donald Trump semble avoir déclarée au Vieux Continent dont le déclin jouerait en faveur des Etats-Unis, eux-mêmes économiquement affaiblis.
H. A.
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