Tirs croisés contre le ministre : Aïssa résiste à une offensive salafiste
Par R. Mahmoudi – Le bras de fer opposant le ministre des Affaires religieuses à la coordination des imams qui a appelé à organiser un rassemblement dans les prochains jours, semble avoir atteint un point de non-retour, après la dernière passe d’armes durant laquelle Mohamed Aïssa a menacé de poursuivre en justice ceux, parmi les contestataires, qui oseraient l’invectiver sur les réseaux sociaux.
Le syndicat des imams, représenté par l’inclassable Djelloul Hadjimi, lui a rétorqué en affirmant que «le temps des menaces est révolu» et que «la Constitution garantit le droit de grève». Le représentant des imams ajoutera que Mohamed Aïssa n’était pas habilité à porter plainte contre les contestataires et que seul le ministre de l’intérieur peut leur interdire d’organiser leur action de protestation. Officiellement, la coordination des imams accuse le ministre de tutelle d’avoir fermé les portes du dialogue depuis un an et demi, pour discuter de leur plateforme de revendications, dont le point essentiel est la revalorisation du statut de l’imam. De son côté, le ministre avait clairement reconnu qu’il ne pouvait rien faire, au motif que la question de l’augmentation des salaires dépassait ses prérogatives.
Sur les réseaux sociaux, les commentaires hostiles à Mohamed Aïssa se font de plus en plus incisifs, dont certains portent l’empreinte claire des salafistes. «Le ministère des Affaires religieuses ferait mieux de combattre le soufisme et la propagation des idées hérétiques et du vice que de combattre les imams», écrit un internaute sous le sceau de l’anonymat.
Il y a quelques jours, Mohamed Aïssa avait mis en garde contre l’intrusion de «forces obscures» qui, selon lui, «parasitent le dialogue avec les imams». Il faisait allusion aux groupes salafistes avec lesquels il est toujours en guerre. Cette guerre était jusque-là confinée dans un cadre purement exégétique et discursif, avec notamment la polémique suscitée par les déclarations du guide de la secte madkhaliste pro-saoudienne, Mohamed-Ali Ferkous, excommuniant, entre autres, les partisans du soufisme. Mais, le bras de fer s’est vite déplacé dans les mosquées, avec le forcing mené depuis octobre dernier par des groupes salafistes pour le contrôle des comités de gestion des lieux du culte. La confrontation a fait plusieurs blessés et, au moins, un mort à Laghouat.
C’est, curieusement, en pleine bataille autour des mosquées que la coordination des imams fait irruption. Verbalement, Hadjimi assure que son organisation est irréprochable sur le plan dogmatique et qu’elle «suit le référent national», mais dans les faits, son action arrange bien les affaires des salafistes.
R. M.
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