Le Caire et Riyad veulent chasser l’Iran, la Russie et la Chine du golfe d’Aden
Par Sadek Sahraoui – L’Egypte et l’Arabie Saoudite confirment leur intention de faire la loi au niveau de la mer Rouge et du très stratégique Golfe d’Aden, voie par laquelle transitent 40% du trafic maritime mondial. Le Caire et Riyad, soutenus par cinq autres pays arabes et africains riverains de la mer Rouge et du golfe d’Aden, ont ainsi annoncé, cette semaine, la création d’un nouvel ensemble économique et géopolitique régional pour, disent-ils, «mieux coordonner leur coopération sur des questions économiques et sécuritaires».
Baptisé «Organisation de la mer Rouge et du golfe d’Aden», ce bloc compte dans ses rangs l’Arabie Saoudite, l’Egypte, Djibouti, la Jordanie, le Yémen, la Somalie et le Soudan. La création de ce bloc, rapporte l’agence africaine Ecofin, a été annoncée à Riyad à l’issue d’une rencontre tenue entre les ministres des Affaires étrangères de ces pays ayant des côtes sur la mer Rouge et le golfe d’Aden, en présence du souverain saoudien, le roi Salman Ben Abdelaziz Al-Saoud.
Selon un communiqué du ministère saoudien des Affaires étrangères, la nouvelle organisation a pour objectif aussi de «protéger le commerce mondial et la navigation internationale dans le golfe d’Aden, tout en contribuant au renforcement de l’investissement et du développement dans les pays de la région».
«Je pense que cet ensemble va contribuer au renforcement de la sécurité, de la stabilité, du commerce et de l’investissement dans la région et interconnectera les économies de ces sept pays», a déclaré Adel Al-Joubeir, le ministre saoudien des Affaires étrangères lors de la rencontre. «Le bloc contribuera à créer une harmonie dans cette région et empêchera toute force extérieure de jouer un rôle négatif», a-t-il ajouté, sans plus de précision sur ces forces extérieures.
Il est vrai que depuis la prolifération de groupes terroristes en Somalie et le début du conflit au Yémen, les actes de piraterie contre les navires de marchandises sont fréquents dans le golfe d’Aden.
Par forces extérieures, Abdel Al-Joubeir faisait surtout allusion au grand ennemi de l’Arabie Saoudite, l’Iran, dont les navires de guerre patrouillent régulièrement dans la région. L’Arabie Saoudite et ses alliés locaux accusent régulièrement l’Iran de menacer la navigation dans la mer Rouge, une accusation qui a toujours été démentie par Téhéran. Comme Riyad sous-traite pour les Etats-Unis, il est fort possible que ce bloc soit destiné aussi pour freiner l’expansion de la Chine et de la Russie dans la région.
Si tel est le cas, il est peu probable que Moscou et Pékin qui ont une base militaire à Djibouti en partent sans broncher. Du coup, il est possible de prévoir que la mer Rouge et le Golfe d’Aden deviennent le nouveau point chaud du Proche-Orient.
S. S.
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