L’extrême-droite française défend les harkis et s’acharne contre Boudjedra
Par Kamel M. – Un organe central de l’extrême-droite française a réagi de façon violente à une interview que l’écrivain algérien Rachid Boudjedra a accordée au journal français L’Humanité en novembre dernier.
Rachid Boudjedra, qui répondait à une question sur les attentats islamistes commis en France, faisait remarquer que les «descendants des harkis, dont la saga lamentable et criminelle dans le pays d’origine s’est soldée par un accueil inhospitalier et raciste à leur arrivée en France, avaient [eux aussi] à se venger de la France tutélaire». L’auteur du pamphlet Les contrebandiers de l’histoire a précisé que «l’islamisme violent a été le lien nodal où ils (les descendants des harkis, ndlr) allaient reprendre pied, retrouver leurs racines».
Rachid Boudjedra a, en outre, souligné que «l’islamisme politique et terroriste se nourrit beaucoup de ce rejet de la culture et de la religion de ces damnés de la terre» et que «toute une littérature xénophobe, anti-arabe et islamophobe s’est déversée sur la France d’une façon insoutenable», en pointant un doigt accusateur à l’endroit de «Bernard-Henri Lévy, Houellebecq, Zemmour, Onfray, etc., qui ont pignon sur rue et s’excitent à mépriser et à banaliser, par exemple, les souffrances et le martyre du peuple palestinien».
Ces vérités ont déplu à l’organe central des partisans de l’épuration ethnique en France, qui reprochent à l’écrivain algérien de «jeter la suspicion sur la communauté harkie sous prétexte que certains jeunes seraient perméables à la propagande islamiste, voire s’engageraient comme djihadistes», en l’accusant en des termes insultants de «ne s’encombrer d’aucune précaution pour vomir [sa] haine à la fois anti-française et anti-harkie».
L’extrême-droite trouve «outranciers» les qualificatifs «lamentable» et «criminelle» utilisés par Rachid Boudjedra pour décrire la «saga» des harkis. «Cette prose sectaire et haineuse sous couvert d’indépendantisme, d’anticolonialisme et de soutien indéfectible au FLN, qui donne la nausée, est récurrent chez les adeptes de cette grande religion (politique) d’amour, de tolérance et d’ouverture constituée par l’Internationale communiste», s’emporte le média de cette mouvance extrémiste française qui compte dans ses rangs de nombreux nostalgiques de l’Algérie française et qui n’aime pas que la vérité soit dite sur les supplétifs de l’armée coloniale et les crimes de guerre qu’ils ont commis sous la bienveillante couverture du pouvoir politique de l’époque.
K. M.
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