Nouvelle immolation par le feu en Tunisie : la mèche de la révolte rallumée
Par R. Mahmoudi – Sept ans après le soulèvement populaire provoqué par le suicide du jeune vendeur ambulant à Sidi Bouzid, Mohamed Bouazizi, et qui a fini par renverser le régime de Zine El-Abidine Ben Ali, la Tunisie vit régulièrement au rythme des contestations induites par des suicides en série, où les malheureuses victimes adoptent le même «mode» – l’immolation par le feu – en signe de désarroi et de désespoir, dans un pays dont les dirigeants se targuent pourtant d’avoir instauré «la première démocratie dans le monde arabe» (dixit Béji Caid Essebsi).
La mort d’un jeune journaliste de 29 ans qui s’est immolé par le feu pour protester contre ses conditions de vie a sonné comme une brutale mise en garde contre des risques d’explosion dans ce pays ravagé par le chômage et la crise économique, et qui n’est pas à l’abri d’une seconde révolte. D’ailleurs, de violentes protestations ont éclaté, lundi soir, dans la ville de Kasserine où des citoyens ont bloqué plusieurs routes et caillassé des policiers venus en renfort. Les manifestants dénonçaient les raisons pour lesquelles le jeune journaliste s’était donné la mort. Des scènes qui rappellent les débuts du soulèvement populaire de février 2011, dans la ville de Sidi Bouzid où s’était suicidé, dans les mêmes conditions, Mohamed Bouazizi.
Des cas comme celui du jeune journaliste se multiplient en Tunisie. En septembre dernier, la ville de Jendouba avait été secouée par des manifestations, tout aussi violentes, suite à la mort d’un jeune homme qui s’était, lui aussi, immolé par le feu devant le siège de la Sûreté nationale pour des raisons non encore déterminées.
Avant de passer à l’acte, le journaliste a tenu à laisser un message d’adieu sur sa page Facebook pour expliquer son geste, affirmant que «chez lui, quand les jeunes chômeurs manifestent pour attirer l’attention sur leur situation, ils sont qualifiés de terroristes pour les empêcher de s’exprimer». Il a ajouté qu’il allait faire «sa propre révolution» en s’auto-immolant, «à cause des mensonges et de l’atermoiement des autorités face aux protestations des jeunes de sa région».
R. M.
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