Frustration ?
Par R. Mahmoudi – Le phénomène de l’intolérance refait surface dans certaines régions de l’arrière-pays, symptôme d’une dérive jamais prise au sérieux. Une vidéo relayée par les internautes montre un groupe de citoyens de la ville touristique de Taghit, dans la wilaya de Béchar, en train de barricader la route avec des pierres et d’autres objets pour empêcher des touristes algériens d’entrer en ville. Ainsi, des bus et des voitures se sont trouvés dans l’incapacité de rejoindre la zone des ksour, particulièrement prisée par les touristes nationaux et étrangers pendant cette période de l’année.
C’est la première fois qu’un tel incident est signalé dans cette région pourtant paisible et réputée pour l’hospitalité légendaire de ses habitants. On peut supposer que la situation sociale, plus difficile mais moins connue, de la population locale ait poussé des groupes de jeunes à exprimer leurs frustrations et leur ras-le-bol, en voulant priver d’autres Algériens de passer des moments de villégiature.
Le sentiment d’injustice et de discrimination demeure ancré chez les habitants des régions du Sud qui ne ratent pas une occasion pour l’exprimer, parfois avec violence, que ce soit par rapport au chômage ou par rapport au manque d’infrastructures et de services de base.
Cela dit, derrière les revendications légitimes de ces populations, des forces sont toujours à l’affût pour tenter de manipuler ces mouvements de protestation à des fins politiques et idéologiques. C’est ce qui s’est passé au cours de ces derniers mois dans plusieurs villes du pays, de Constantine à Béjaïa, en passant par Ouargla où, au nom du refus de la dilapidation des deniers publics dans des concerts de musique, des groupes de citoyens, chauffés à blanc par des salafistes tapis dans l’ombre, ont réussi à empêcher des galas de raï programmés en plein air.
R. M.
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