La trêve de dieu
Par Mrizek Sahraoui – Trois événements et un monde presque en paix. Depuis plusieurs semaines, l’actualité internationale est dominée par trois événements, à commencer, d’abord, par l’incursion du mouvement des Gilets jaunes dans le précarré du président Macron. Ensuite, la presse internationale s’est également focalisée sur le Brexit happant et occupant à plein temps le chef de file du gouvernement britannique, Theresa May, plus que jamais dans l’impasse. Et enfin, l’on a évoqué Donald Trump, le 45e président des Etats-Unis qui fait face au plus long shutdown de l’histoire américaine et sur lequel pèsent de nombreuses enquêtes.
A la suite de dix samedis de mobilisation, les Gilets jaunes (ont) réussi à dérouter leur Président de son cap – libéral –, à le descendre de son piédestal et le forcer à réinventer la démocratie. Finies la pensée unique et la verticalité du pouvoir assumées, Emmanuel Macron s’efforce, malgré lui, de donner corps à une espèce d’agora des temps athéniens, où, pendant des heures et des heures, l’air d’un one man show, les tempes emperlées de sueur, il harangue des maires tout ouïe dans l’espoir que sa parole porte au-delà des gymnases afin de redorer son blason terni par tant d’arrogance et de mépris, l’a-t-on accusé.
Les Britanniques se sont exprimés pour la sortie du royaume de l’Europe en proie à toutes les aventures mais sans en mesurer les conséquences pouvant s’avérer dramatiques pour l’économie. Le divorce d’avec l’Europe se faisant au forceps et Theresa May est ballottée entre la rigidité d’une Commission européenne campant sur ses positions, des parlementaires hostiles au deal obtenu après d’âpres négociations et une opinion publique désemparée.
Après plusieurs semaines de shutdown, paralysant l’administration et privant de salaire 800 000 employés fédéraux, sous le coup de plusieurs enquêtes, Donald Trump risque un impeachment, une procédure de destitution qui, si elle advient, risque d’écourter son mandat.
Trêve de dieu imposée par les Gilets jaunes, le Brexit et le shutdown. Depuis que le triumvirat Emmanuel Macron, Theresa May et Donald Trump, qui vont boycotter le sommet annuel de Davos, prévu du 22 au 25 janvier en Suisse, sont embourbés dans des crises internes respectives, il faut bien reconnaître que le monde se porte tout de même un peu mieux.
Pourvu que ça dure, serions-nous tentés de dire.
M. S.
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