Netanyahou appâte le Maroc après le Tchad et le Mali : Israël encercle l’Algérie
Par R. Mahmoudi et Sadek Sahraoui – L’Observatoire marocain contre la normalisation a révélé l’intention du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, de se rendre au Maroc fin mars 2019. Le gouvernement marocain n’a pas encore réagi à ces révélations alors que, d’habitude, son porte-parole est si prompt à démentir des «allégations» concernant le train de relations qu’entretient la monarchie avec l’Etat hébreu.
Citant des sources fiables, l’Observatoire précise que cette visite a été programmée sous couvert d’une «offre de médiation» que présentera le Premier ministre de l’Etat d’Israël entre Rabat et le conseiller américain à la Sécurité nationale, John Bolton (un républicain proche de la droite israélienne) sur la question du Sahara Occidental.
Pour les militants contre la normalisation, il s’agit bien d’un «processus consistant à briser les ressorts du royaume du Maroc à travers le dossier du Sahara Occidental en vue de le soumettre, comme d’habitude, au chantage du lobby sioniste très influent aux Etats-Unis». Un plan qui viserait notamment à mieux exploiter la position du Maroc à la tête du Comité d’El-Qods dans ce qui est appelé le «pacte du siècle» proposé par le président américain, Donald Trump, et approuvé par les monarchies du Golfe, pour résoudre – ou dissoudre – le conflit israélo-palestinien.
Si cette information se confirmait, ce serait un nouveau pas franchi par les pays arabes dans le processus de normalisation avec Israël, après la visite qualifiée d’«historique» qu’avait effectuée, en novembre dernier, Benyamin Netanyahou à Mascate où il a été reçu par le sultan Qabus. Au lendemain de ce voyage, le Premier ministre israélien avait promis d’autres visites et d’autres rencontres avec des souverains arabes, sans en avoir cité nommément aucun.
Après le Tchad, le Mali
Après avoir fait tomber le Tchad dans son escarcelle, Tel-Aviv escompte également étendre son influence au Mali voisin, pays avec lequel Israël veut établir des relations diplomatiques. Les contacts entre les deux pays semblent avoir atteint un stade avancé puisque la presse israélienne annonce que Tel-Aviv «se prépare à une visite historique du Premier ministre malien, Soumeylou Boubeye Maiga». Une visite qui aurait lieu «dans les prochaines semaines», ont indiqué, lundi soir, les chaînes de télévision israéliennes Channel 13 et Kan. Benyamin Netanyahou, ajoute-t-on, espère que ce voyage aura lieu avant les élections du 9 avril.
Les tractations entre les deux parties remonteraient à plusieurs mois. Les médias israéliens rappellent à ce propos que «l’année dernière, Benyamin Netanyahou avait rencontré le président malien, Ibrahim Boubacar Keita, en marge d’un sommet au Liberia» et qu’ «à la fin de la réunion, le bureau de Netanyahou a publié une déclaration dans laquelle il était indiqué que les pays avaient convenus de ‘’réchauffer’’ leurs relations».
Selon toujours la presse israélienne, la visite de Maiga «pourrait marquer un processus similaire à celui avec le Tchad, qui a rétabli ses liens avec Israël, dimanche, lors de la visite de Netanyahou dans le pays». En novembre, les deux leaders s’étaient déjà rencontrés en Israël. Netanyahou avait alors dit son intention d’annoncer le rétablissement des relations diplomatiques rompues en 1972 par N’Djamena. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’annonce de la visite du Premier ministre malien à Tel-Aviv apparaît au lendemain de son déplacement au Tchad. L’idée est bien sûr de dire que le front africain contre le sionisme est en train de fondre comme neige au soleil.
Avant de rallier, samedi soir, la capitale tchadienne N’Djamena, le Premier ministre israélien a qualifié le rétablissement des relations diplomatiques entre Israël et le Tchad de «percée historique». «Un Etat musulman immense frontalier de la Libye et du Soudan. Cette visite fait partie de la révolution que nous menons dans le monde arabe et musulman que j’avais promis d’accomplir», avait-il indiqué avant d’ajouter que «de grandes nouvelles sont à attendre» qu’«il y aura d’autres pays».
Israël est plus que jamais présent en Afrique. Il le sera au Maghreb bientôt. L’Algérie sait désormais à quoi s’en tenir.
R. M./S. S.
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