Ces citoyens insolites qui se voient président : la politique se banalise
Par Hani Abdi – En quatre jours, 79 lettres d’intention de candidature à la présidentielle ont été transmises au ministère de l’Intérieur depuis l’ouverture de l’opération. C’est un chiffre officiel rendu public par le département de Nourreddine Bedoui. Sur ces 79 demandes, 11 seulement émanent des partis, qui sont pourtant très nombreux (une soixantaine). 68 ont été formulées par des prétendants indépendants dont la plupart sont des illustres inconnus.
On y trouve de tout : avocat, agent de sécurité, agriculteur, fonctionnaire, ancien militaire… Beaucoup d’Algériens, représentant différentes catégories de la société, semblent vouloir présider aux destinées de l’Algérie. Il y a même parmi ces prétendants ceux qui n’ont jamais géré même une épicerie de leur vie et ceux qui ont un niveau d’inscription très bas. Et leur nombre risque d’augmenter dans les prochains jours.
Outre l’ex-député Tahar «Spécifique», qui se dit déterminé à s’engager dans cette compétition électorale, lui qui a échoué à faire passer sa candidature aux dernières législatives, on peut citer aussi le retour du loufoque Rabah Benchérif, qui promet déjà aux Algériens de transformer le grand Sahara en paradis. Rabah Bencherif, ancien président du PNSD, ne révèle cependant pas sa recette magique.
D’autres prétendants n’imaginent pas mieux. C’est le cas d’un agent de sécurité qui n’a rien trouvé de mieux à dire que de promettre de garder son couvre-chef s’il devient président de la République. Il y a aussi cet agriculteur de Koléa qui dit prétendre à la présidentielle faute de pouvoir continuer d’exercer sa profession, «tuée», selon lui, par l’importation. «Il ne reste plus d’agriculture, tout est importé», affirme-t-il.
Jamais une élection présidentielle n’a enregistré autant d’intentions de candidature en quelques jours. Des prétendants à la candidature qui viennent de différentes couches sociales. La majorité d’entre eux n’ont jamais fait de la politique. Certains avouent avoir décidé de tenter cette aventure par simple volonté de se faire connaître. D’autres estiment qu’ils sont mieux outillés pour redresser le pays et le faire sortir de sa situation actuelle.
Ces prétendants indépendants à la présidentielle sont tellement nombreux qu’ils banalisent cette élection présidentielle. Réussiront-ils à constituer un dossier complet qui pourrait être validé par le Conseil constitutionnel ? Ces prétendants à la candidature à la présidentielle ont-ils des programmes ? Iront-ils jusqu’au bout de leur démarche électoraliste ? On le saura bientôt.
H. A.
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