Pari risqué
Par Sadek Sahraoui – Les autorités ont finalement décidé de changer leur stratégie destinée à protéger la production nationale, réduire les importations et éviter le siphonnage de nos réserves de change. Au lieu de continuer à imposer des licences d’importations ou d’interdire complètement l’importation de certains produits, elles viennent d’opter en effet en faveur de la mise en place d’un Dispositif additionnel provisoire de sauvegarde (DAPS).
Ce «vieux-nouveau» dispositif consiste tout simplement à taxer des marchandises plus que d’autres. Il est prévu donc que les taxes additionnelles oscillent entre 30 et 200% de la valeur du produit. La taxation se fera par ailleurs proportionnellement à la capacité de la production nationale à assurer la disponibilité du produit. En fait, le gouvernement ne fait rien d’autre que de mettre en place des barrières tarifaires.
Présenté de la sorte, ce procédé à l’air séduisant. Espérons seulement qu’il donnera cette fois des résultats probants car par le passé il s’était révélé inefficace au bout de quelques mois seulement. Beaucoup de spécialistes du domaine en doutent mais gardons-nous tout de même d’émettre des jugements hâtifs. Après tout, les ministères du Commence et des Finances disposent aujourd’hui d’infiniment plus de moyens que durant les années 1990-2000 pour assurer un suivi correct de leurs politiques. Et puis il sera possible de rectifier le tir à n’importe quel moment.
En plus l’avantage avec ce DAPS c’est que le gouvernement n’aura plus à subir les pressions des institutions de Bretton Woods qui accusent régulièrement l’Algérie de faire dans le protectionnisme et de continuer à trop penser «socialiste». Il est fort possible même que la mise en place de ce dispositif a pour finalité ultime de permettre à l’Algérie de sortir des radars du FMI. En essayant de ménager le Fonds monétaire international, le pays prend quand même un risque. C’est celui de voir ses réserves de changes fondre encore plus vite puisque le DAPS n’empêchera pas les produits d’entrer en Algérie. Il se peut en effet que les importateurs continuent à abuser allègrement du système pour faire sortir de la devise.
S. S.
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