Une folle rumeur sur des émeutes après la candidature du président Bouteflika
Par Saïd N. – Une folle rumeur s’est propagée telle une traînée de poudre sur les réseaux sociaux durant la soirée de dimanche, annonçant des manifestations violentes à Béjaïa pour protester contre le «cinquième mandat». De nombreux activistes politiques ont immédiatement relayé l’«information», en l’agrémentant de commentaires et de slogans emphatiques, du genre «Le peuple se révolte», sans même prendre le soin d’en vérifier la véracité. D’aucuns se sont hâtés d’y voir le début d’une révolte qui va se généraliser, en annonçant même des escarmouches au même moment dans les wilayas de Tizi Ouzou et Bouira. Pour d’autres, ces manifestations sont avant tout un geste symbolique pour dire leur ras-le-bol.
Cette rumeur a duré plus de deux heures, avant que ses promoteurs ne se trouvent obligés de la supprimer sur leurs murs, puisqu’aucune source médiatique sérieuse n’est venue la confirmer.
Pourquoi le choix de Béjaïa pour lancer de telles rumeurs ? Il est clair que, dans l’imaginaire collectif des Algériens, cette ville côtière est devenue, ces dernières années, une sorte de sanctuaire de la contestation politique et sociale. Ce qui fait qu’il est plus facile de crédibiliser de telles informations dès lors qu’elles sont associées au nom de Béjaïa.
La propagation de cette rumeur à une telle vitesse semble être le résultat à la fois d’une poussée réelle dans la société d’un sentiment de frustration et d’indignation entretenu depuis longtemps par une campagne ininterrompue contre l’option du «cinquième mandat», et qui est arrivé à son point culminant, hier dimanche, à l’annonce de la candidature du président Bouteflika à l’élection présidentielle.
Les réseaux sociaux sont alors devenus le seul exutoire et le seul espace d’expression pour eux, dès lors que les médias lourds restent largement fermés aux voix dissonantes. Or, paradoxalement, la marge de liberté que confère Facebook et autres réseaux sociaux pour faire entendre l’autre son de cloche et exprimer une telle charge émotionnelle contre le pouvoir en place ne fait que prolonger ce sentiment de frustration et d’impuissance.
S. N.
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