Ennemi intérieur
Par Sadek Sahraoui – Le retour de Ramtane Lamamra aux affaires n’a pas fait que des heureux. Comme il fallait s’y attendre, le premier à s’être inquiété des retombées de la nouvelle mission confiée à l’ancien ministre des Affaires étrangères est le Makhzen.
Toute la presse marocaine, sans exception, a parlé de son rappel par le président de la République. Il est rare que la nomination d’un «simple» conseiller à la présidence suscite autant l’intérêt et fasse couler autant d’encre.
Dans le cas présent, cet intérêt se comprend assez. En plus d’être brillant, Ramtane Lamamra est la bête noire du Makhzen. Il a su et pu déjouer toutes ses viles manigances. Les fois où il a ridiculisé les diplomates marocains sur la scène internationale ne se comptent pas. Tout le monde le sait, l’ancien commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’UA est redouté au Maroc. Et Rabat sait qu’avec un Lamamra à El Mouradia, aux côtés de Bouteflika, il doit s’attendre à des jours pénibles.
Cela doit être dit aussi, l’annonce du retour de «Si Ramtane» a provoqué aussi la panique chez nous. Oui, chez nous. Il existe, ici aussi en Algérie, un lobby pro-marocain qui s’était ouvertement montré heureux et soulagé de ne plus l’avoir dans les «pattes». Et ce lobby pro-marocain, très actif, dispose de relais un peu partout, y compris dans les administrations et dans certains médias publics. Et à de hauts postes. Son désarroi et sa frustration ont effectivement été grand lorsque l’info est tombée, pour reprendre le jargon journalistique.
Ironie du hasard, la nomination de Ramtane Lamamra comme conseiller à la présidence intervient à un moment où justement le lobby pro-makhzen bombe le torse, s’affiche au grand jour et donne l’impression d’être en terrain conquis. Les services spéciaux marocains, avec l’aide de leurs relais locaux, osent même mener chez nous des campagnes de déstabilisation contre les journalistes travaillant sur la cause sahraouie sans que personne ne réagisse.
Se peut-il que le rappel de Lamamra réponde au souci, justement, de remédier à la situation et d’enlever le ver du fruit ? Rien n’est à exclure. Ce qui est certain en tout cas, qu’avec Ramtane Lamamra les choses ne seront plus comme avant.
S. S.
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