Accusée de corruption en Algérie : SNC-Lavalin fait encore parler d’elle
Par Houari A. – Le géant canadien de l’ingénierie SNC-Lavalin a provoqué une crise politique au Canada suite à une nouvelle affaire de corruption en Libye. Des poursuites judiciaires vont être lancées contre la firme canadienne récidiviste, et un proche conseiller du Premier ministre canadien est soupçonné d’avoir tenté d’intervenir pour empêcher la tenue d’un procès contre cette société dont les pratiques illégales lui ont valu sa radiation des filiales de la Banque mondiale pour dix ans.
L’affaire de corruption qui avait éclaboussé SNC-Lavalin en Algérie en 2013 avait refait surface trois ans plus tard, en 2016, à travers le scandale des «Panama Papers». Selon des documents révélés par Radio Canada, SNC-Lavalin réussissait à obtenir des marchés en or en Algérie, sans prendre la peine de se déplacer, grâce à une mystérieuse société-écran, Cadber Investments, créée à travers le cabinet panaméen Mossack Fonseca, le cabinet d’avocats du Panama d’où émane la fuite des 11 millions de documents que l’on nomme «Panama Papers».
Les «Panama Papers» avaient révélé six contrats différents de 2000 à 2004. Cadber Investments devait intercéder en la faveur de SNC-Lavalin pour lui obtenir des contrats, dont celui de l’usine de traitement des eaux de Taksebt, un contrat de 750 millions de dollars pour construire et exploiter l’usine, avaient indiqué des médias canadiens. En dix ans, 4 milliards de dollars de contrats ont été obtenus en Algérie, avait-on précisé.
La justice canadienne avait, elle aussi, ouvert une enquête sur les soupçons de corruption de SNC-Lavalin pour l’obtention de marchés dans des pays africains, dont l’Algérie. Le président du conseil d’administration avait démissionné et le PDG de l’époque avait été, lui, éjecté. Le nom de Farid Bedjaoui a été cité comme intermédiaire à l’origine de la création de la société-écran Cadber Investments.
SNC-Lavalin avait fait son mea culpa à travers un encart publicitaire publié dans la presse nationale. Dans cette longue lettre d’une page, l’entreprise, citée dans plusieurs affaires de pots-de-vin, parlait d’«éthique et conformité» et affichait sa «pleine volonté à coopérer avec les autorités politiques et judiciaires algériennes» afin de «permettre à la vérité d’éclater» sur ces affaires. Fausse promesse, puisque la firme fait encore parler d’elle en Libye.
H. A.
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