Réajustement de la trajectoire révolutionnaire, Ali Ghediri et nous
Par Youcef Benzatat – L’irruption d’Ali Ghediri dans le champ politique et le jeu électoral, à l’occasion de la présidentielle du 18 avril 2018, ont permis au slogan «mettre du mouvement dans le statu quo» cher au défunt Aït Ahmed de devenir une réalité tangible. Jamais une candidature à la présidentielle, depuis l’ouverture du champ politique au pluralisme après octobre 1988, n’a suscité autant d’intérêt pour la population algérienne que celle d’Ali Ghediri. Des groupes de soutien à sa candidature naissent tous les jours sur les réseaux sociaux et affichent une volonté de rupture avec le système de pouvoir égale à sa détermination. Une volonté de rupture jamais observée à ce jour avec une telle intensité.
Il y a du mouvement dans les impasses et le statu quo en est ébranlé. Les élites, les intellectuels, les militants associatifs sont mis en demeure de l’éclairer, de l’accompagner et de la faire aboutir. Il y va du salut de la nation, de sa consécration et de son devenir. Ali Ghediri n’est qu’un signe dans la conjoncture. Il s’agit d’un combat pour le sens de notre existence, pour notre dignité et pour notre inscription dans la contemporanéité du monde et notre intronisation dans le cours civilisationnel. Le système nous a poussés vers l’exil intérieur et extérieur dans notre néantisation. Nous pourrons solidairement redresser ce tort qui nous a été fait et devenir une nation exemplaire. L’heure n’est pas aux armes mais au combat pour la démocratie, pour un Etat de droit, pour un Etat civil, pour un Etat moderniste. L’heure est à la lutte contre le néocolonialisme qui veut nous dépouiller de nos richesses et nous empêcher de construire des Etats démocratiques, comme l’ont accompli nos aînés au XXe siècle, en combattant le colonialisme qui nous dépouillait de notre souveraineté et de notre humanité.
Néanmoins, on peut admettre que ce mouvement dans le statu quo n’est qu’une vaste manipulation ou qui pourra le devenir, qui, au lieu de nous servir, nous desservira. Soit ! L’unité, la solidarité, la détermination seront notre rempart contre toute forme de manipulation, présente ou future, lorsque notre objectif demeure inébranlable dans nos consciences.
Il nous appartient de lutter contre nous-mêmes pour édifier un vivre-ensemble où chaque Algérien et chaque Algérienne puisse s’accomplir selon sa liberté de conscience et se sentir représenté dans sa particularité. Il y a lieu de refonder l’Etat et les institutions, en réécrivant la Constitution avec la participation active de la population et engager une période de transition dans laquelle serait élue une Assemblée constituante pour fonder une deuxième République.
Il s’agit dans un premier temps de réussir la rupture avec le système de pouvoir et enclencher le processus de changement, pour se consacrer dans un deuxième temps à la recherche de l’équilibre dans les contradictions qui traversent la société. A savoir, comment parvenir à la quête de la souveraineté de l’Etat, désaliéné du militaire, du religieux et de l’identitaire, comment parvenir à concilier un Etat moderniste et une citoyenneté fondée sur la liberté de conscience dans une société aliénée dans les structures mentales patriarcales et l’imaginaire mythologique religieux.
Y. B.
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