Cette autre cible non déclarée visée par les manifestants contre le 5e mandat
Par Kamel M. – S’il a été impossible d’identifier l’auteur exact – il y en a plusieurs, mais qui a influencé la rue ? – des appels aux manifestations qui ont fait sortir des milliers de citoyens à travers pas moins de 25 wilayas du pays, un constat est, par contre, facile à faire.
La puissance des réseaux sociaux, notamment Facebook, a fait que les opposants au cinquième mandat de Bouteflika, constitués dans leur écrasante majorité de jeunes de moins de quarante ans, ont adhéré à ce nouveau «parti» qui les a rassemblés dans la rue dont ils ont fait une tribune pour exprimer leur refus du système, mais pas que.
Le message des manifestants d’hier s’adressait aussi à l’opposition traditionnelle, structurée dans des partis et des organisations de masse. Les dizaines de milliers de jeunes ont décidé de crier leur ras-le-bol contre un statu quo interminable depuis l’avènement du multipartisme après le soulèvement d’octobre 1988. Leur nouveau parti s’appelle «Internet» et ils y adhèrent en masse depuis que l’information n’est plus l’apanage de l’élite.
Aucune formation politique de l’opposition n’aurait pu mobiliser autant de citoyens comme a pu le faire le chef du plus grand parti au monde, Mark Zuckerberg. C’est pleinement conscients de cette vérité que les pouvoirs publics ont tenté de bloquer l’accès à ce redoutable outil de propagande, en vain.
Les slogans brandis par les manifestants ce vendredi étaient focalisés sur le rejet catégorique du renouvellement du mandat du Président en exercice, les citoyens réclamant le changement en raison, notamment, de l’absence physique du candidat malade et de son règne «sans fin». Mais la convergence de ces derniers qui ont répondu à des appels aux marches émanant de sources aussi diverses que divergentes démontre que la Toile a unifié des voix jusque-là discordantes autour de slogans communs. Ce que l’opposition n’a pu faire, il y a quelques jours, chez Abdallah Djaballah pour des raisons de leadership et de boulimie de pouvoir.
Cette opposition est la première perdante dans les marches de ce vendredi, car à jamais divisée et incapable de constituer un contre-pouvoir. A contrario, ce raz de marée citoyen a donné des ailes aux partisans du cinquième mandat qui s’apprêtent à répondre par une démonstration de force «impressionnante», dixit le patron du FLN.
Le pouvoir en est capable. Il l’a déjà démontré à maintes reprises par le passé. Pas l’opposition, laminée par le pouvoir et rejetée par la rue.
K. M.
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