Fortement implantée en Algérie : la compagnie Petrofac accusée de corruption
Par Hani Abdi – La compagnie pétrolière britannique Petrofac est de nouveau dans la tourmente. Fortement implantée en Algérie, cette compagnie gérée par Ayman Asfari, homme d’affaires britannique d’origine syrienne, est de nouveau au cœur d’une affaire de corruption. L’enquête, ouverte en 2017 par l’office britannique de la répression de la fraude (SFO), reprend de plus belle.
Maroun Semaan, décédé il y a deux ans, cofondateur de cette compagnie, est ainsi accusé à titre posthume de corruption, affirme le journal britannique The Guardian. Des pots-de-vin auraient été versés pour obtenir des contrats dans plusieurs pays. Le SFS se concentre actuellement sur l’Arabie Saoudite et l’Irak. «Lors de la première poursuite à la suite de l’enquête, David Lufkin, l’ancien responsable mondial des ventes de Petrofac, a plaidé coupable à 11 chefs de corruption devant le tribunal de première instance de Westminster, à Londres, le 6 février. Le Britannique, âgé de 51 ans, a reconnu avoir offert de faire des versements frauduleux pour tenter d’obtenir des contrats d’une valeur de 3,5 milliards de dollars en Arabie Saoudite et de 730 millions de dollars (566 millions de livres) en Iraq», souligne The Guardian.
L’enquête ne se limite pas à ces deux pays. Toutes les pistes sont ouvertes et tous les contrats obtenus par cette compagnie, notamment en Algérie, seront passés au peigne fin. Les accusations à titre posthume contre Maroun Semaan sont rejetées par la direction de la compagnie. «Petrofac a déclaré qu’aucune accusation n’avait été retenue contre la société ou ses employés. Il a également indiqué qu’un certain nombre de personnes et d’entités de Petrofac auraient agi de concert avec Lufkin. Il a ajouté qu’aucun membre actuel de son conseil d’administration n’aurait été impliqué», rapport The Guardian, qui cite également un porte-parole de la famille Semaan qui aurait rejeté, de son côté les accusations portées contre lui. «Semaan n’avait aucun rôle, aucune connaissance ni aucune supervision en ce qui concerne ces questions sur lesquelles les autorités britanniques enquêtent actuellement. La famille Semaan prendra toutes les mesures nécessaires pour protéger sa réputation respectée et son héritage», déclara ce porte-parole.
Malgré ces «démentis», le SFO poursuit son enquête. L’affaire est désormais devant le tribunal de Westminster, à Londres. Selon le SFO, Semaan était complice de six chefs d’accusation de corruption présumée. Selon les procureurs, Semaan aurait donc agi avec Lufkin et d’autres pour proposer des «incitations financières» à verser aux autorités irakiennes et saoudiennes entre octobre 2011 et février 2013.
L’année dernière, Petrofac a donné 5 millions de dollars à une université libanaise afin d’honorer l’héritage de Semaan. «Asfari a déclaré que le don – au département d’ingénierie – était un héritage approprié qui honore la précieuse contribution apportée par Semaan, non seulement à Petrofac, mais également à l’université américaine de Beyrouth», rapporte le journal britannique.
Petrofac possède plusieurs projets de grande importance en Algérie. Des projets qui représentent environ 20% de son chiffre d’affaires. Parmi les plus importants, l’on peut citer la réalisation de toutes les installations du gisement gazier de l’Ohanet, dans le cadre du contrat à risque pour le développement du gaz dans cette région, pour un milliard de dollars, le contrat de réalisation des installations pour le projet Reggane Nord (EPC des installations de surfaces, réseaux de collecte et de pipeline d’expédition), pour un montant de 976 millions de dollars et le contrat de réalisation en EPC du projet In Salah Gas pour un montant de 1.2 milliard de dollars.
H. A.
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