Le Washington Post : «L’Algérie est au cœur d’un deuxième printemps arabe»
Par R. Mahmoudi – Le quotidien américain de référence estime que la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord est actuellement en butte à une «deuxième vague du printemps arabe», en relation avec ce qui se passe notamment au Soudan et en Algérie.
Dans un dossier consacré aux événements qui secouent ces deux pays, le Washington Post écrit, à propos de la situation en Algérie : «En 2011, lorsque les troubles avaient ébranlé le monde arabe, le gouvernement de Bouteflika est resté en place, tandis que d’autres dictatures en Egypte et ses deux voisins, la Tunisie et la Libye, s’effondraient, en offrant de généreuses subventions au peuple algérien pour apaiser les tensions économiques. Mais la chute des prix mondiaux du pétrole a obligé le gouvernement à réduire ses dépenses sociales. Or, les souvenirs s’effacent et l’aide gouvernementale perd de sa valeur avec le temps. Ainsi, après huit ans de printemps arabe, certains Algériens pourraient être tentés par une autre révolution», écrit Bobby Ghosh.
Un autre analyste juge que «les défis politiques, économiques et sociaux auxquels sont actuellement confrontés presque tous les régimes du Moyen-Orient sont bien plus importants qu’en 2011, et les facteurs structurels qui permettent la contagion de la protestation restent importants», écrit Marc Lynch, qui affirme que les événements en Algérie et au Soudan faisaient partie d’une «série plus large de manifestations populaires qui avaient éclaté dans plus d’un tiers de la région ces deux dernières années», citant les manifestations anticorruption et antigouvernementales en Jordanie, en Irak, en Tunisie et en Iran.
Dans un autre article signé par Muhammed Osmane et Max Bearak, le journal estime que ce qui favorise cette tendance au Soudan et en Algérie, c’est que les gouvernements de ces deux pays ont, selon les auteurs, ceci de commun est «qu’ils ont une longue tradition de répression». «Pendant des décennies, soutiennent-ils, le gouvernement algérien s’est présenté comme un rempart contre les groupes islamistes radicaux en Afrique du Nord. De nombreux pays occidentaux ont fermé les yeux sur les restrictions contre la démocratie et le musellement de l’opposition, parce qu’il (le gouvernement algérien, ndlr) leur apparaissait comme un garant de la stabilité régionale, en raison de sa coopération dans les opérations antiterroristes menées avec les gouvernements européens», conclut le Washington Post.
R. M.
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