Marches pacifiques contre le 5e mandat : le «oui mais» de Bouteflika
Par Hani Abdi – Le président Bouteflika reconnaît l’existence d’opinions contre sa volonté de briguer un nouveau mandat. Dans son message, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme, lu en son nom par la ministre de la Poste, des Télécommunications, Houda-Imane Feraoun, le président Bouteflika salue ainsi le mouvement populaire qui lui demande, pourtant, de renoncer au cinquième mandat et de quitter le pouvoir. «Nous avons enregistré, il y a quelques jours, la sortie de nombre de nos concitoyens et concitoyennes, à travers les différentes régions du pays afin d’exprimer pacifiquement leurs opinions, et nous nous félicitons de cette maturité de nos concitoyens, y compris de nos jeunes, et du fait que le pluralisme démocratique, pour lequel nous avons tant milité, soit désormais une réalité palpable», lit-on dans ce message. Le chef de l’Etat considère donc que les manifestations pacifiques contre la «continuité» que ses partisans ne cessent de prôner comme «un signe de bonne santé du pays et de la consécration de la démocratie».
Mais le chef de l’Etat ne reste pas sur cette tonalité positive de ces marches, puisqu’il enchaîne par des mises en garde contre des «parties insidieuses, internes ou externes, qui pourrait susciter la fitna». Le Président candidat à la présidentielle du 18 avril estime donc que cette expression pacifique expose le pays a des risques qui «peuvent entraîner des crises et des malheurs».
Ainsi, donc, pour lui, le peuple doit s’allier au pouvoir dans l’intérêt suprême de la nation. «Il est impératif, poursuit-il, de préserver la stabilité pour se consacrer, peuple et pouvoir, au parachèvement de l’œuvre de construction et d’édification et pour réaliser davantage de succès et progrès».
Le président Bouteflika ira jusqu’à puiser du jargon des manifestants, en usant ainsi du mot pouvoir pour désigner l’autorité de l’Etat, pour tenter de les «rallier» à sa cause, celle du «parachèvement des réformes». S’il n’ignore pas la mobilisation populaire pour exiger le changement du système politique, le chef de l’Etat feigne ignorer la principale revendication des manifestants, à savoir pas de cinquième mandat. Autrement dit, pour lui, les marches pacifiques, c’est bien. Mais le changement «non risqué» ne viendrait que de lui. Est-ce suffisant pour convaincre centaines de milliers d’Algériens qui manifestent presque tous les jours à travers le territoire national ? Pas sûr.
H. A.
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