Selon Fatiha Benabbou : «Bouteflika a déjà signé sa lettre de démission»
Par R. Mahmoudi – La constitutionaliste Fatiha Benabbou estime que le président Abdelaziz Bouteflika a déjà écrit sa lettre de démission et qu’elle est déjà signée. Interrogée par le quotidien français Le Monde sur la décision annoncée par le chef d’état-major de l’ANP, la juriste algérienne croit savoir que le général Ahmed Gaïd-Salah n’a pas décidé seul de cette annonce. «C’est le fruit d’un consensus au sommet de l’Etat à un moment où toute annonce venue de la Présidence aurait été accueillie avec suspicion. C’est pour cela que le chef d’état-major a préféré lui-même annoncer cette mesure», souligne-t-elle.
Dans le même registre, Mme Benabbou considère que cette décision a été annoncée publiquement par le chef d’état-major de l’armée «pour la simple raison qu’il est une autorité, parce qu’il est visible. Il »parle » aux Algériens ; c’est le pouvoir réel, et cela permet de savoir exactement d’où vient la décision», clame-t-elle.
La constitutionnaliste juge que la suggestion d’Ahmed Gaïd-Salah permet d’assurer une succession à la présidence de la République «de la meilleure manière possible pour éviter une rupture violente». Optimiste, elle affirme que le Conseil constitutionnel va s’en saisir «et les choses vont se passer très rapidement». Selon elle, «la démission» du Président va être transmise au Parlement, qui va déclarer la vacance de la fonction présidentielle et va charger le président du Conseil de la nation d’assurer un intérim «technique».
Parmi les problèmes qui se poseront dans ce processus, celui de la Haute Instance électorale, dissoute par le chef de l’Etat. «Il faut que la nomination de ses membres se fasse, explique Fatiha Benabbou, en concertation avec la société civile, que ce soit elle qui propose des noms et que le chef d’Etat par intérim ne fasse que formaliser juridiquement ces propositions. C’est possible. Et c’est tout l’enjeu des négociations qui vont débuter entre ceux qui sont dans la rue et le pouvoir réel.»
R. M.
Comment (72)