La presse internationale évoque «une sortie sans gloire» de Bouteflika
Par R. Mahmoudi – Encore une fois, l’Algérie fait la Une de tous les journaux et les ouvertures des chaînes de télévision du monde entier. La démission inopinée du chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, a été l’occasion pour tous ces médias de tenter de décrypter les événements qui ébranlent le pays depuis plus de six semaines et d’entrevoir l’avenir.
Plus prompte à commenter cette décision, la presse française s’est focalisée sur le rôle «déterminant» qu’a joué l’institution militaire durant ces derniers jours pour pousser Bouteflika à la sortie. Le quotidien du soir Le Monde note qu’«après un mois de manifestations sans précédent, et les dernières pressions de l’armée, Abdelaziz Bouteflika met un terme à vingt années de pouvoir». Revenant sur les six semaines «qui ont ébranlé l’Algérie, ce journal pro-Macron rappelle que «pour les Algériens, cette reddition obtenue par la rue n’est qu’une étape».
De son côté, le quotidien de droite Le Figaro a commenté l’événement avec en titre «Bouteflika, la sortie sans gloire d’un Président qui voulait incarner l’orgueil algérien». «Après avoir passé vingt ans à la tête du pays, écrit ce journal français, Abdelaziz Bouteflika a démissionné mardi sous la pression de la rue et de l’armée.»
«La transition en Algérie va-t-elle se dérouler sans accroc ?»
Sur le même ton, l’hebdomadaire Le Point écrit : «Lâché de tous côtés et menacé par une procédure de destitution, le chef de l’Etat algérien, depuis le 27 avril 1999, a fini par démissionner ce mardi 2 avril 2019.» Le magazine attitré de Bernard-Henri Lévy lance, à la même occasion, un sondage avec, comme question : «Pensez-vous, après la démission d’Abdelaziz Bouteflika, que la transition en Algérie va se dérouler sans accroc ?»
Du côté de la presse arabe, les mêmes impressions reviennent dans tous les commentaires, mais sous un angle géopolitique bien précis. Le site de la chaîne Al-Jazeera titre en Une «Bouteflika : cinquième chef d’Etat arabe renversé par les cris des foules». «Après vingt ans de règne, lit-on dans l’article, le président algérien démissionnaire, Abdelaziz Bouteflika, rejoint les chefs d’Etat honnis par leurs peuples et chassés sous les cris de millions de voix en colère.»
Le quotidien panarabe Al-Raï Al-Yawm, qui rend compte chaque jour de l’actualité algérienne depuis des années, écrit en titre «L’Algérie tourne la page du règne de Bouteflika quelques heures après un bras de fer acharné entre la Présidence et l’armée». Le quotidien arabe pro-turc Al-Araby Al-Jadid brosse un portrait noir du président algérien démissionnaire sous le titre «Abdelaziz Bouteflika : un chef d’Etat qui a côtoyé les grands et sort par la petite porte».
La presse marocaine, dans sa globalité, se contente d’annoncer l’information, sans trop de commentaires. Le site pro-Makhzen Hespress fait un focus sur les scènes de liesse populaires à Alger suite à l’annonce de la démission du Président.
«La protestation se poursuit malgré le départ de Bouteflika», écrit, pour sa part, le correspondant de l’agence Reuters à Alger, qui a dû reprendre sa place après l’expulsion, il y a quelques jours, par les autorités d’un «envoyé spécial» dépêché de Tunisie, accusé de propager de fausses informations.
R. M.
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